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« Art et Mémoire » 2018 : 3 œuvres d’art pour tisser la mémoire

Dans le cadre de la 3e édition de son appel à projets « Art et Mémoire », l’Andra a une nouvelle fois invité les artistes de toutes les disciplines à proposer leurs idées pour contribuer à la réflexion collective sur la mémoire des centres de stockage de déchets radioactifs. Trois artistes ont été primés en février 2019 pour la pertinence, la cohérence et l’originalité de leurs propositions artistiques.

Les lauréats du concours "Art et mémoire"
« Termen » de Laure Boby, 1er prix Andra

Comment informer les générations futures de la présence et du contenu des centres de stockage de déchets radioactifs ? De quelle manière conserver la mémoire des lieux à des échelles de temps plurimillénaires ? Pour répondre à ce défi, l’Andra a lancé, en 2010, un programme de recherche et d’études : « Mémoire pour les générations futures ». Y contribuent la société civile, la communauté scientifique (linguistes, anthropologues, archéologues, sémiologues, géologues, scientifiques des matériaux…), mais aussi, les artistes. « L’art est un vecteur de communication puissant, explique Jean-Noël Dumont, responsable du programme Mémoire de l’Andra. Il touche les publics les plus divers et d’une façon plus profonde que d’autres vecteurs. »

Forte de cette conviction, l’Andra créé en 2015 l’appel à projets Art et Mémoire. Le thème : « Imaginer la mémoire des sites de stockage de déchets radioactifs pour les générations futures. » « Dans l’univers d’ingénieurs qui est le nôtre, nous ressentons le besoin d’ouvrir notre regard et d’alimenter notre approche rationaliste par une démarche créative, plus intuitive et sensible : c’est ce qu’apportent les artistes aux scientifiques. »

 

20 projets proposés

« Implore/Explore » d’Adrien Chevrier et de Tugba Varol, 2e prix Andra

La remise des prix de la troisième édition du concours s’est tenue le 6 février 2019, au Centre de stockage de l’Aube. Vingt propositions avaient été reçues depuis septembre 2018. Elles concourraient pour trois prix, attribués par deux jurys distincts. L’un composé de salariés de l’Andra et d’experts du domaine artistique (1er et 2e prix), l’autre, des riverains des sites de l’Agence faisant partie des trois groupes de travail sur la mémoire (prix du public).

« Nous examinons la dimension innovante des propositions, leur originalité, la qualité de la réflexion du candidat, mais aussi son adéquation avec les enjeux de la problématique mémorielle, rappelle Jean-Noël Dumont. Certains projets, hors sujet ou trop embryonnaires, sont rapidement écartés… mais il en reste plus que ce que nous pouvons primer ! Cette année, les trois œuvres sélectionnées ont fait l’objet de notes relativement homogènes de la part des membres du jury. » Leur point commun ? Faire la part belle aux « marqueurs de surface ».

 

Alerter sur la présence du stockage

« Lithonance » de Florian Behejohn, prix du public

« Les artistes développent beaucoup la notion de marquage du paysage pour alerter de la présence des sites de stockage », précise Jean-Noël Dumont. Laure Bobby, 1er prix du jury, avec Termen  (balise en latin), propose ainsi un triptyque de tumuli (collines) composés de couches géologiques naturelles et artificielles. Ces balises enceignent le site de stockage tout en contenant la mémoire (cf. interview). 2e prix du jury avec leur projet Implore/ Explore, le duo de plasticiens Tugba Varol et Adrien Chevrier propose une œuvre architecturale monumentale (cf. interview). Ouvertes sur le ciel et pointant vers la terre, les trois gigantesques ailes de leur monument abritent un colis de déchet radioactif de faible activité, comme un avertisseur pour les archéologues du futur. Enfin, Florian Behejohn  remporte le prix du public pour Lithonance : un dispositif de mégalithes complexe, à la fois architectural, visuel et sonore (cf. interview).

Ces projets n’ont pas nécessairement vocation à être réalisés, même si certains pourront poursuivre leur chemin à l’Andra, comme Cloud In, Cloud Out, d’Alice et David Bertizzolo, primés en 2016, ou Empreintes du futur, d’Olivier Terral (qui avait aussi répondu à l’appel à projets de 2016). « Au-delà de l’œuvre, le processus de l’appel à projets est déjà, en lui-même, un vecteur de mémoire, souligne Jean-Noël Dumont. À travers les œuvres imaginées, les liens créés entre les artistes, le public, les jurés, les chercheurs, mais aussi les évènements initiés autour de l’appel à projets, nous créons des traces et nous tissons petit à petit le canevas d’une mémoire collective. »

 

 

Termen
« Termen » de Laure Boby, 1er prix Andra
« Implore/Explore » d’Adrien Chevrier et de Tugba Varol, 2e prix Andra
« Lithonance » de Florian Behejohn, prix du public décerné par les groupes "mémoire" des centres de l'Andra
Interview - Termen, 1e prix Andra : une balise géologique visible du ciel Interview - Implore/Explore, 2e prix Andra : prendre en compte la curiosité des archéologues du futur Interview - Lithonance, Prix du Public : multiplier les chances que le message soit compris