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"Attention, déchets radioactifs!" : Comment avertir les générations futures ?

Imaginer une signalétique sur la nocivité des déchets radioactifs à l'échelle plurimillénaire : un défi lancé au théoricien du graphisme Charles Gautier et au designer graphique Sébastien Noguera.

Sélectionnés début septembre 2019 dans le cadre du projet "Prospectives graphiques", ils travaillent en duo à l'occasion d'une résidence de recherche de 5 mois à Chaumont (52), d'octobre à mars 2020. L'Andra s'est associée au Signe, centre national du graphisme de Chaumont, pour sa mise en œuvre.

Cent mille ans : c'est la projection temporelle de l'Andra lorsqu'elle réfléchit à l'avenir des centres de stockage de déchets radioactifs. Faut-il imaginer un signalétique à destination des générations les plus lointaines pour prévenir toute intrusion ? Comment transmettre des informations détaillées à nos descendants ?

 

Quête d'un langage universel

"L'histoire nous montre que les langues humaines ont une durée de vie courte, entre 1000 et 2500 ans" explique Charles Gautier. Le graphisme, à dimension universelle, appossable sur des supports à durée de vie longue, apparaît dès lors judicieux.

Avec cette résidence, l'Andra vise à s'interroger sur une écriture universelle. Sens dans lequel vont aussi ses travaux en sémiologie via son programme "Mémoire pour les générations futures". Un langage qui traverserait le temps, les civilisations et les frontières, le passé nous en a déjà transmis. "Le paléolithique a beaucoup à nous apprendre" assure Charles Gautier, qui se réjouit de travaille avec un graphiste.

Son binôme, Sébastien Noguera, designer graphique indépendant, abonde dans le sens d'un nécessaire retour sur l'histoire de la signalétique. "C'est un travail prospectif, il faut donc examiner ce qui a traversé les siècles. Les inventions graphiques de la Mésopotamie antique et de l'Egypte ancienne sont de bons exemples."

"Figer le message dans le temps pas dans son contenu"

Le duo complémentaire l'a bien compris : pour l'Andra, il ne suffit pas de dire aux habitants du futur : "Attention, danger !" Conformément à une préoccupation internationale, l'Agence ambitionne une mémoire collective à grande échelle : il s'agit d'ancrer dans les consciences l'existence de stockages de déchets radioactifs. Et ce avec de la pédagogie, notamment sur l'échelle de nocivité, différente selon les types de déchets. Une information détaillée peut servir entre autres à décider du devenir de ces sites … On ne peut exclure, en effet, de futures évolutions techniques décisives en termes de gestion des déchets radioactifs, et pour Sébastien Noguera le défi consiste à "figer le message dans le temps, mais pas forcément dans son contenu, c'est-à-dire à éloborer un matériau, un vecteur pérenne dans le temps, en laissant au message la possibilité d'évoluer". Le graphisme estime prendre part à une responsabilité collective.

"Les déchets radioactifs sont un legs à gérer, qui s'ajoute aux contraintes environnementales des générations à venir. Il s'agit de leur faciliter la tâche."

"On va poser les bases d'une réflexion, pas forcément définitives", précise Charles Gautier. Une réflexion qui promet d'être enrichie par les archéologues, typographes, historiens, etc..., lesquels sont conviés à participer à cette résidence.

A suivre…