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Des œuvres d’art et de mémoire

Pour la troisième fois, l’Andra lance son appel à projets Art et mémoire, sur le thème « Imaginer la mémoire des sites de stockage de déchets radioactifs pour les générations futures ». Ouvert à toutes les disciplines artistiques, cet appel à projets s’inscrit dans le cadre des travaux de recherche de l’Agence sur la transmission de la mémoire des centres de stockage de déchets radioactifs. Résultats attendus d'ici la fin de l'année.

"Forêt", par Pierre Laurent et Nicolas Grun, 1er prix de l'édition 2016

Comment informer les générations futures de la présence et du contenu des centres de stockage de déchets radioactifs ? De quelle manière conserver la mémoire des lieux à des échelles de temps plurimillénaires ? Pour répondre à cet enjeu de taille, et trouver les meilleurs moyens de transmettre des informations à nos très lointains descendants, l’Andra a lancé, en 2010, un programme de recherche et d’études : « Mémoire pour les générations futures », auquel contribuent la société civile, la communauté scientifique (linguistes, anthropologues, archéologues, sémiologues...), mais aussi, les artistes.

 

"Cloud in/Cloud out", par Alice et David Bertizzolo, prix du public de l'édition 2016

L’art, messager intemporel

L’art constitue un vecteur puissant de la mémoire. En raison de sa force d’évocation et de son caractère universel, il est capable de marquer les esprits sur plusieurs milliers d’années. C’est grâce à leur sensibilité particulière sur le monde et à leur intuition parfois visionnaire, que les artistes alimentent et enrichissent les réflexions sur la mémoire : « L’art va nous aider dans nos réflexions car il a le pouvoir d’interpeller. On est rarement insensible à l’art », explique Catherine Cobat, responsable Art et Mémoire à la Direction de la sûreté environnement et stratégie filières de l’Andra.

Forte de cette conviction, l’Andra a créé en 2015, l’appel à projets Art et mémoire. Cette initiative invite les artistes de toutes les disciplines à proposer leurs idées pour contribuer à la réflexion collective. C’est ainsi que des concepts aussi porteurs qu’étonnants ont été présentés lors des deux premières éditions : une forêt « marqueur de surface », des demi-sphères à message, un objet-relais transmis de génération en génération…

 

Les lauréats de l'édition 2016 de l'appel à projets Art et Mémoire

Ouvrir des pistes nouvelles

Le projet « Forêt » conçu par les architectes Pierre Laurent et Nicolas Grun a reçu, en 2016, le 1er prix. « Ils ont imaginé un concept d’arbres plantés sur 80 colonnes de béton de 30 m de haut. Ce dispositif vise à indiquer aux générations futures, la présence des déchets radioactifs stockés dans le sol. Au fil du temps, et donc à mesure que la radioactivité décroît, les colonnes de béton s’enfoncent dans le sol et les arbres prennent leurs places… », décrit Catherine Cobat. Qu’elles soient utopistes, réalistes, farfelues… ces créations sont autant de sources d’inspiration pour trouver des réponses à la problématique mémorielle. « Les concepts proposés dans le cadre de l’appel à projets n’ont pas tous vocation à être mis en œuvre, mais ils n’en demeurent pas moins des pistes de réflexion et d’innovation, par exemple sur le support du message ou l’interaction entre les différents vecteurs possibles de ce message. Dans “Forêt”, c’est le paysage lui-même qui devient le marqueur vivant de la mémoire. ». Les projets servent aussi de support à la discussion avec les riverains ou le public pour engager des réflexions sur la mémoire. Le projet « Cloud in/Cloud out » des architectes Alice et David Bertizzolo, récompensé par le prix du public en 2016, est ainsi exposé en maquette au Centre de Meuse/Haute Marne. Quant au concept d’Olivier Terral « Empreintes de vie », il a débouché sur la réalisation d’une œuvre collective : « Devoir de mémoire » (cf. encadré).

 

"Prométhée oublié", par Alexis Pandellé, 1er prix de l'édition 2015

Un intérêt croissant des artistes

D’édition en édition, l’intérêt des artistes pour l’appel à projets ne se dément pas. « Avec 64 propositions sur les deux éditions 2015 et 2016, le succès de cette démarche montre que nous ne nous sommes pas trompés. Les artistes répondent présents, intéressés par cette thématique dont ils n’ont pas l’habitude. Les projets sont aussi de plus en plus aboutis », précise Catherine Cobat. « Il faut dire que Cigéo, avec ses déchets radioactifs à vie longue stockés à 500 mètres sous terre, fait beaucoup travailler les imaginations… » Comme pour les éditions précédentes, l’appel à projets 2018, donnera lieu à trois prix attribués par deux jurys distincts. L’un composé de salariés de l’Andra et d’experts du domaine artistique (1er et 2ème prix), l’autre, des riverains des sites faisant partie des trois groupes de travail sur la mémoire (prix du public). Qu’en sera-t-il du millésime 2018 ? Rendez-vous cet automne pour la remise des prix.

 

 

Empreintes pour le futur

Lors de l’appel à projets 2016, Olivier Terral, avec « Empreintes de vie », n’a pas laissé indifférents les riverains du groupe « Mémoire » du Centre de l’Andra en Meuse Haute-Marne (CMHM) qui l’ont sollicité pour une nouvelle collaboration. Résultat : la création d’une œuvre collective, appelée « Devoir de mémoire », réalisée avec le concours de Florian Blanquer, doctorant Andra de l’université de Limoges, qui travaille sur les signes et les symboles. L’œuvre rassemble dans un même tableau les empreintes des 90 participants bénévoles qui forment un symbole final, et comporte au recto un message destiné aux générations futures. L’objectif est de sensibiliser la population au rôle de chacun dans la conservation et la transmission de la mémoire de Cigéo. Après un premier volet présenté fin 2017 lors de la Fête de la science au CMHM, une seconde phase de réalisation de l’œuvre est programmée prochainement afin de toucher de nouveaux publics.