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Il suffirait d’un signe

Dans le cadre de son programme « Mémoire pour les générations futures », l’Andra étudie diff érents vecteurs de transmission de la mémoire, notamment à des échelles plurimillénaires. Parmi les sujets de réflexion : la sémiotique1. Depuis novembre 2015, Florian Blanquer, un jeune doctorant du Centre de recherches sémiotiques (CeReS) de l’université de Limoges, travaille sur ce sujet pour l’Agence.

Imaginez-vous dans un futur lointain : l’exploitation de Cigéo est terminée, le stockage est fermé depuis longtemps, et de nombreuses générations se sont succédé. Que pouvons-nous d’ores et déjà savoir sur ces populations, leurs formes de vie, leurs modes d’existence ? Peu de chose… Et pourtant, l’Andra veut provoquer la réflexion sur la meilleure manière de leur transmettre des informations sur la mémoire du stockage. Mais comment être sûr que le message soit bien interprété par les générations futures ? C’est tout l’objet de la thèse de Florian Blanquer. « Mon sujet d’étude porte sur la recherche de signes compréhensibles sur des échelles de temps de plusieurs milliers d’années, et sur le processus de transmission de ces signes. »

 

Trouver des signes universels

Toute la difficulté de l’exercice repose sur la recherche de signes universellement compris, qui dépassent les cultures et les conventions. « Ce principe de réflexion nous oblige à écarter d’emblée les langues. Elles sont amenées à évoluer et mourir, il suffit de regarder les hiéroglyphes ou le latin. Le fait de pouvoir lire ces écritures ne veut pas dire que nous pouvons les comprendre. » Les symboles, comme celui de la justice, impliquent de connaître certaines conventions et sont donc également à proscrire. « Seuls les signes iconiques paraissent envisageables, car leur signification est directement liée à ce qu’ils représentent, comme un avion pour représenter un aéroport. Mais, là encore, attention aux conventions des sociétés modernes : le pictogramme “danger de mort” pourrait ainsi être interprété comme une indication de pirates par certains. »

Restent finalement les seuls usages communs à tous les êtres humains : l’indication du haut, du bas, de la gauche, de la droite, ou encore les mouvements du corps. Des perceptions universelles, en somme, et une bonne base de travail pour Florian Blanquer qui terminera sa thèse fin 2018 afin d’alimenter les réflexions de l’Andra sur la mémoire à long terme.

 

(1) Étude des signes et de leurs significations.