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Les déchets radioactifs dans le viseur du youtubeur « Defakator »

Ingénieur de métier et vidéaste, Defakator tente depuis 2016 de donner les outils pour détecter les « fake news » (fausses informations) en lien avec la science et aiguiser l’esprit critique des 257 000 abonnés de sa chaîne Youtube. Le tout avec rigueur et humour. Un exercice auquel il s’est prêté sur le sujet de la gestion des déchets radioactifs. Il raconte.

Pourquoi avoir créé une chaîne Youtube ?

J'ai trouvé dans cette chaîne l'occasion de concilier mes passions. La science, d'abord. C'est ma formation de base, celle qui m'a permis de devenir ingénieur. Mais aussi l'écriture et la réalisation, auxquelles je me suis formé en parallèle.

 

Quel est le concept de votre chaîne ?

Defakator

Elle s’articule autour de deux objectifs : vulgarisation scientifique et exercice à l'esprit critique. Dans les vidéos, je me présente en super héros vêtu d’un costume défraîchi et au choix de nom plutôt malheureux : « Defakator », parce qu'il « défake sur les fakes ».

J’aborde donc les sujets avec humour et autodérision, mais avec autant de rigueur que possible, en prenant le temps nécessaire d’aller au fond des choses. Je propose notamment des tutos pour donner à chacun les outils pour faire soi-même un travail de « defake » sur les vidéos scientifiques colportant des théories erronées.

Je réalise et diffuse également des épisodes plus longs, consacrés à des thématiques qui me semblent mal abordées dans les médias.

 

Récemment vous avez justement diffusé des épisodes pour décrypter la gestion des déchets radioactifs. Comment avez-vous appréhendé ce sujet ?

Plus j’ai creusé le sujet, plus j’ai constaté sa complexité. J’ai donc décidé d’y consacrer deux épisodes. Le premier pour poser les bases sur la radioactivité, ses dangers, et sur la génération de déchets radioactifs par l'industrie nucléaire. Les bons prérequis pour comprendre les tenants et les aboutissants de la gestion des déchets abordée dans la seconde vidéo.

Afin d'être pédagogique sans être rébarbatif, j’ai introduit des notes d’humour avec mon complice « l'ami du bon goût », le second intervenant de la chaîne toujours à côté de la plaque. Pour les questions plus techniques, il me semblait indispensable d’entendre les experts, n'étant pas moi-même spécialiste du domaine. Je remercie l'Andra de m'avoir ouvert ses portes pour les rencontrer.

Et parce que le projet Cigéo a un historique, il m'a semblé intéressant de retranscrire la pluralité des solutions et des points de vue l’entourant, en donnant la parole à un expert du domaine hors Andra, comme Bernard Laponche (ndlr : physicien nucléaire et membre fondateur de l’association Global Chance).

Comme pour les autres formats longs que je publie, j'essaie d'avoir une approche d'auteur de documentaire, même si ça ne rentre pas forcément dans les cases de la plateforme Youtube.

 

Pour réaliser ces épisodes, vous avez visité le Laboratoire souterrain de l’Andra. Quelles étaient vos attentes ? Et quelles ont été vos impressions ?

L'ami du bon goût

J'avais tout d'abord des attentes très visuelles. Je souhaitais donner à voir et à ressentir : la descente, le déplacement dans les galeries souterraines, le bruit ambiant… Bref : permettre à chacun de se représenter très concrètement à quoi cela ressemble.

Au préalable, je m’étais bien documenté. J’ai notamment pu interviewer Jacques Delay (ndlr : hydrogéologue à l’Andra) quelques jours avant la visite. Cela m’a semblé indispensable d’être un peu renseigné, au risque de vivre une visite trop « touristique » et de rester à la surface des enjeux. Ce qui est dommage pour un laboratoire aussi profond !

Sur place, j'ai réalisé que le site était toujours en chantier, ce dont je n'avais pas forcément conscience auparavant, mais surtout qu'il était possible de concilier expérimentations scientifiques d'un côté, et creusement de galeries en parallèle.

 

Quelles ont été les réactions suite à la publication de vos deux vidéos ?

Elles ont été très bonnes. De nombreux commentaires, y compris ceux de néophytes ou de personnes que la physique avait rebutées au collège, ont salué la clarté du propos. C'était mon objectif principal ! Et les retours sont également enthousiastes sur la forme : l'interview des experts et la visite du laboratoire.

En termes de chiffres, les deux vidéos ont fait un nombre de vues tout à fait comparable à ceux des autres vidéos de la chaîne (ndlr : plus de 200 000). Cela prouve que le sujet ou la longueur n'ont rebuté personne. Le premier volet est d'ailleurs monté dans le top 10 des tendances de YouTube, ce qui est rarement le cas de mes vidéos ! Et le deuxième épisode a recueilli 99,2 % de pouces levés : l'un des meilleurs scores de la chaîne.

Enfin, les débats générés dans les commentaires ont été de très bonne tenue, riches et courtois. Ce qui change par rapport aux vidéos dans lesquelles je « defake » des théories scientifiques hasardeuses.

Je pense que la communauté de mes abonnés, comme les visiteurs plus occasionnels, ont été sensibles au fait que les vidéos proposent plusieurs points de vue, laissant à chacun le soin de se construire son opinion.

 

Découvrez la chaîne Youtube de Defakator Premier épisode sur les déchets radioactifs Second épisode sur les déchets radioactifs