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Quand la plume frictionne, la science fictionne : des auteurs s’interrogent sur l’avenir de nos déchets radioactifs

Fin 2019, l’Andra, en partenariat avec Usbek & Rica, a organisé un concours d’écriture sur le devenir de nos déchets radioactifs. Lors des deux ateliers de Paris et Nantes, plusieurs dizaines de personnes ont pris la plume pour proposer leur récit de science-fiction, accompagné par l’école d’écriture Les Mots et avec l’appui du parrain de l’évènement, l’écrivain Claude Ecken. Résultat : les nouvelles de Valentine Mallat Desmortiers et Joseph Holcha ont attiré l’attention du jury et remporté le concours.

A travers ce concours d’écriture, l’Andra a souhaité donner carte blanche aux amateurs de science-fiction pour qu’ils contribuent à leur manière, grâce à leur vision de l’avenir, au débat sur la gestion des déchets radioactifs. La science-fiction, par sa capacité à aiguiller nos imaginaires, constitue en effet un formidable terrain d’expérimentation et de débat citoyen, permettant à chacun de se positionner dès à présent sur les implications philosophiques, politiques et sociétales du sujet.

Les deux nouvelles lauréates de Valentine Mallat Desmortiers et Joseph Holcha posent la question de notre responsabilité aujourd’hui vis-à-vis de la gestion des déchets radioactifs et de la charge que nous laissons aux générations futures. Elles interrogent aussi notre capacité à transmettre la mémoire de ces déchets : saurons-nous nous adapter aux évolutions du langage ? Que se passerait-il si notre société s’effondrait ? Les futurs proposés par les deux auteurs ne sont pas forcément ceux que nous pourrions imaginer ni souhaiter, mais ils nous invitent à nous interroger sur nos choix et leurs potentiels impacts sur notre futur.

 

La nouvelle de Joseph Holcha

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3 questions à son auteur

Pourquoi avoir choisi de participer à ce concours d’écriture de nouvelles de science-fiction sur les déchets radioactifs ?

Quand j’ai vu qu’Usbek et Rica organisait ce concours, j’ai sauté dessus ! J’aime les littératures de l’imaginaire depuis toujours. On y trouve des histoires, bien sûr, mais surtout des univers nouveaux : c’est le grand dépaysement, on est comme Marco Polo en Chine. Et la narration nous permet de vivre cet univers de l’intérieur, de l’expérimenter. En SF en particulier, certains construisent cet univers de façon à faire réfléchir : il suffit de regarder les lois de la robotique d’Asimov, ou l’épisode Nosedive dans la série Black Mirror. En fait, la bonne SF, c’est intelligent. Et elle peut faire réfléchir sur toutes sortes de sujets, pas seulement la technologie.

Quelle a été votre approche du sujet ?

J’ai essayé de choisir une approche originale : et si les déchets radioactifs n’étaient plus un problème ? Si on était simplement passé à autre chose, comme aujourd’hui on a oublié le smog ? Dans le récit, le mécanisme de la photosynthèse est maitrisé, et produit toute l’énergie nécessaire ; les centrales électriques sont à l’arrêt et ne produisent plus de déchets radioactifs. En parallèle, pour traiter les déchets existants, la biotechnologie a créé des bactéries qui décomposent et stabilisent les atomes dangereux, tout comme on travaille aujourd’hui sur des bactéries qui dépolluent les sols industriels.

Pourquoi avoir fait le choix d’utiliser un nouveau langage dans votre récit ?

La scène se passe en 2322, et j’ai essayé d’imaginer comment les choses peuvent évoluer d’ici là. Il est possible qu’on n’écrive plus, d’où un langage oral, avec des simplifications, des déformations, des emprunts et des mots nouveaux liés à la technologie.

 

 

La nouvelle de Valentine Mallat Desmortiers

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2 questions à son auteur

Pourquoi avoir choisi de participer à ce concours d’écriture de nouvelles de science-fiction sur les déchets radioactifs ?

J'ai découvert l'appel à candidature pour le concours en flânant sur le site d'Usbek & Rica. J'ai tout de suite été séduite : si je n'avais jamais écrit en temps imparti, j'étais curieuse d'en faire l'expérience et appréciais déjà l'exercice de la nouvelle auquel je me prête régulièrement.

Quelle a été votre approche du sujet ?

N'étant pas familière avec les questions de gestion des déchets radioactifs, c'est un article des Arpenteurs qui a retenu mon attention lors de mes recherches. Commentant le documentaire Into eternity, y était faite la comparaison entre les pyramides, dites "sanctuaires", et les sites de stockage des déchets radioactifs. J'ai été amenée à penser qu'une mythification de ces déchets était possible, dans la mesure de la faillibilité de la mémoire et de la transmission de l'information. J'ai profité de l'occasion pour aborder la question de l'eugénisme et interroger notre rapport au corps.