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Seule solution pour isoler les déchets radioactifs tant qu’ils sont dangereux

Le projet Cigéo de stockage géologique profond permet de protéger l’homme et l’environnement des déchets radioactifs, tout le temps qu’ils restent dangereux, en les stockant dans des galeries construites à 500 mètres sous terre au sein d’une couche d’argile stable depuis 160 millions d’années. Réponse à un impératif éthique, celui de ne pas reporter la charge de leur gestion sur les générations futures, le stockage géologique est le fruit de près de 30 ans de recherches, d’un long processus démocratique et c’est la solution qui fait consensus à l’international.

Le concept du stockage

Protéger l'homme et l'environnement

La grande dangerosité des déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue (HA et MA-VL) ainsi que leur durée de vie – jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’années – imposent d’en protéger l’homme et l’environnement de manière pérenne sans nécessiter d’action et de contrôle de la société, qui ne saurait être garantis sur de telles échelles de temps.

Le stockage en couche géologique profonde, de par sa profondeur, sa conception et son implantation dans une roche argileuse imperméable et dans un environnement géologique stable permet de mettre les déchets à l’abri des activités humaines et des événements naturels de surface (comme l’érosion) et d’isoler les déchets HA et MA-VL de l’homme sur ces très longues échelles de temps.

Le principe est de stocker ces déchets dans des galeries (appelés alvéoles de stockage) à 500 mètres sous terre, au sein d'une roche sélectionnée pour ses propriétés de confinement, puis de refermer le stockage une fois l'ensemble des déchets stockés. Avec le temps, les colis de déchets se dégraderont progressivement et relâcheront des éléments radioactifs. C'est alors la couche géologique qui prendra le relais en piégeant la plupart de ces éléments dans la roche et en ralentissant le déplacement des éléments les plus mobiles. En parallèle la dangerosité des déchets radioactifs diminuera au fil du temps du fait de la décroissance naturelle de la radioactivité. Ainsi la plupart des éléments radioactifs n'atteindront jamais la surface ou l'atteindront au bout de milliers d'années et en très petites quantités, largement inférieures à la radioactivité naturelle, de telle sorte que cela ne présente aucun danger pour l'homme et l'environnement.

La couche géologique

Carotte d'argile du site de Meuse / Haute-Marne

Le site où sera implanté Cigéo se situe dans la partie Est du Bassin de Paris, une zone géologique très stable caractérisée par une très faible sismicité. La couche argileuse étudiée par l’Andra Meuse/Haute-Marne, notamment grâce à son Laboratoire souterrain, s’est déposée il y a environ 160 millions d’années. Cette couche, appelée Callovo-Oxfordien, est homogène sur une grande surface et son épaisseur est importante (environ 140 à 160 mètres). Aucune faille affectant cette couche n’a été mise en évidence sur la zone étudiée. Les seules failles connues sont situées hors de cette zone (faille de la Marne, failles de Poissons/Roche-Betaincourt, fossé de Gondrecourt).

Il n’existe pas de ressource naturelle exceptionnelle à l’aplomb de la zone étudiée pour le stockage profond. C'est ce qu'a confirmé un forage effectué à 2 000 mètres de profondeur. Dans son rapport n°4 de juin 2010, la Commission nationale d’évaluation a abouti aux mêmes conclusions : « le Trias dans la région de Bure ne représente pas une ressource géothermique potentielle attractive dans les conditions technologiques et économiques actuelles ».

Enfin, cette roche argileuse possède des propriétés qui permettent le confinement à long terme des radionucléides contenus dans les déchets.

La couche du Callovo-Oxfordien sélectionnée pour implantée le stockage géologique profond, Cigéo, présente donc des caractéristiques très favorables au regard des critères de choix de site définis par le guide de sûreté de l’ASN.

Eviter la dispersion des éléments radioactifs dans l’environnement

Le conditionnement des déchets radioactifs puis la roche argileuse permettent de confiner les éléments radioactifs contenus dans les déchets afin de limiter et ralentir le déplacements de ces élément jusqu'à la surface.

Dans un premier temps, ce sont les matériaux utilisés pour conditionner les déchets qui assureront le confinement de la radioactivité (par exemple, les déchets de haute activité sont incorporés dans dans du verre qui se dissout très lentement).

Avec le temps, les colis de déchets se dégraderont progressivement et ce sont les propriétés de la roche qui  permettront de limiter fortement le déplacement des éléments radioactifs contenus dans les déchets : la couche géologique assure le confinement des radioéléments sur de très longues périodes de temps.

La très grande majorité des éléments radioactifs ont des propriétés telles qu’ils ne se déplaceront que très peu au sein de la couche géologique, au plus quelques mètres : ils se trouveront piégés au sein du stockage ou dans le Callovo-Oxfordien et ne remonteront donc pas à la surface.

Seuls quelques éléments radioactifs comme le chlore 36 et l’iode 129 pourront se déplacer depuis le stockage au sein de la couche et en sortir. Mais ces déplacements seront très lents de sorte qu’ils sortiront progressivement, en très petite quantité, et de manière étalée sur un million d’années.

Le principe du stockage des déchets dans Cigéo

Une responsabilité éthique

Les déchets radioactifs de haute activité et de moyenne activité à vie longue  existent : aujourd'hui environ la moitié des déchets destinés à Cigéo sont déjà produits.

Au-delà des aspects politiques, économiques, scientifiques, techniques et technologiques, ne pas s’occuper de ces déchets dès à présent reviendrait à léguer la responsabilité de cette charge aux générations futures alors que toutes les compétences techniques et technologiques ainsi que les capacités financières sont aujourd’hui disponibles pour mettre en œuvre Cigéo.

En offrant une solution de gestion sûre pour le très long terme, le stockage profond répond à un objectif éthique : ne pas léguer aux générations futures la charge des déchets produits par les activités dont nous bénéficions au quotidien.

 

Un choix démocratique

Le projet Cigéo est le fruit d’un long processus démocratique avec le vote de trois lois (en 1991, 2006 et 2016) et deux débats publics nationaux qui ont contribué à trouver collectivement des solutions de gestion pour les déchets radioactifs les plus dangereux.

En 2005, après quinze années de recherches, un premier débat public national s’est tenu. En 2006, sur la base de ce débat et des évaluations des recherches sur les alternatives possibles (entreposage de longue durée et séparation / transmutation), les parlementaires ont fait le choix du stockage géologique profond et ont posé une exigence de réversibilité d’au moins 100 ans.

En 2013, un deuxième débat public national a été organisé sur le projet Cigéo. Parmi les suites données au débat public, en réponse aux avis et aux attentes exprimées, l’Agence a décidé d’apporter des évolutions au projet Cigéo, en particulier l’intégration d’une phase industrielle pilote au démarrage de l’installation, et de s’engager dans une démarche d’implication plus forte de la société.

En 2016, le parlement a voté une troisième loi (loi du 25 juillet 2016) sur les modalités de création de Cigéo et sur sa réversibilité.

En 2019, le débat public sur la 5e édition du  PNGMDR (plan national de gestion des matières et déchets radioactifs) a notamment été l'occasion de revisiter les arguments ayant conduit au choix du stockage géologique profond. 

Un consensus international

Les pays utilisant l’énergie électronucléaire retiennent le stockage profond pour une gestion définitive et sûre à très long terme de leurs déchets les plus radioactifs.

Avec la France, la Finlande et la Suède sont les pays les plus avancés. Le démarrage du stockage géologique est prévu pour la prochaine décennie :

  • La Finlande : avec un parc électronucléaire de taille modeste (3 réacteurs, bientôt 4), la Finlande a engagé sont projet de stockage en creusant directement les installations dans une roche dure, cristalline, sous le site d’Olkiluoto. Elle a obtenu les premières autorisations d’y construire les ouvrages destinés au stockage à l’issue d’une phase d’essais en souterrain et d’une instruction du dossier de sûreté par les autorités compétentes. Les premières mises en stockage de combustibles usés devraient commencer après 2023.
  • La Suède : le processus d’autorisation est engagé et la mise en service du stockage est envisagée durant la seconde partie de la prochaine décennie. La Suède prévoit un stockage des combustibles usés en milieu granitique.

D’autres pays ont engagé un processus de recherche de site en vue du stockage, avec des perspectives de stockage au-delà de 2040 :

  • Le Canada : le Canada dispose de combustibles à base d’uranium non enrichi, qui feront l’objet d’un stockage direct en profondeur. Actuellement 8 sites sont à l’étude, parmi les 23 qui se sont portés volontaires à l’issue d’une campagne d’information et d’appels à candidatures.
  • La Suisse : les études se sont focalisées sur 2 secteurs en milieu argileux, comme en France. La Suisse dispose de déchets vitrifiés et de combustibles usés.
  • Le Royaume-Uni : un nouveau processus de consultations se termine avant d’engager un nouvel appel à candidatures pour un site de stockage. Le Royaume-Uni dispose d’une grande variété de déchets et de quantités élevées de déchets. 
  • L’Allemagne : un nouveau processus de recherche de site fondé sur le volontariat est mis en place. Les premières décisions sur le choix de site sont attendues après 2030, pour un stockage une vingtaine d’années plus tard.
  • La Belgique : le pays envisage également un stockage en milieu argileux, mais doit aussi vérifier la faisabilité dans des milieux alternatifs.