Autorisé en juillet 2024, Acaci (augmentation de la capacité de stockage autorisée du Cires) s’accompagne d’engagements forts de l’Andra en faveur de l’environnement. Le point sur le chantier.
Le concept initial du Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) prévoyait une capacité de stockage autorisée de 650 000 m³ de déchets radioactifs de très faible activité (TFA) répartis sur trois tranches. Grâce à des mesures d’optimisation réalisées au fil du temps, seules deux tranches se sont révélées nécessaires au stockage de ce volume de déchets, la troisième étant employée comme zone de dépôt des terres excavées. L’Andra a donc conçu le projet Acaci, consistant à utiliser la troisième tranche pour accroître la capacité de stockage du Cires à 950 000 m³ sans augmenter la surface au sol et tout en conservant son niveau de sûreté.
Après son instruction par les services de l’État, dont l’Autorité environnementale, et la tenue d’une enquête publique, le projet Acaci a été autorisé en juillet 2024. L’Andra ne disposant pas de la place nécessaire pour transposer les terres déposées sur la tranche 3 ailleurs sur le site, l’autorisation environnementale intègre l’utilisation d’une zone boisée jouxtant le Cires et située sur la commune de Morvilliers. Cette zone doit être déboisée et transformée afin de pouvoir accueillir les volumes de terres excavées.
Protéger la biodiversité
Consciente de l’impact que ces travaux pourraient avoir sur l’écosystème local, l’Andra a fait réaliser une étude d’impact écologique avant de lancer les travaux de déboisement à l’automne 2024. « L’objectif était d’identifier des mesures d’évitement – c’est-à-dire ne pas nuire aux espèces animales existantes en détruisant leur espace de vie – ou, à défaut, de mettre en place des compensations en créant par exemple des espaces de vie similaires », explique Emmanuel Hance, chef du service Gestion foncière et patrimoniale à l’Andra.
Parmi les mesures d’évitement préalables aux opérations de déboisement, un inventaire et une cartographie des arbres accueillant potentiellement des chauves-souris dans leurs cavités(1) ont été établis. Des forestiers spécialement formés ont installé sur chaque cavité d’intérêt des « systèmes anti-retour » laissant la possibilité aux animaux de sortir de l’arbre, mais pas d’y retourner. Une semaine plus tard, chaque branche comportant une cavité a été sectionnée de l’arbre puis déposée délicatement au sol avec un dispositif de cordage, avant qu’un écologue de l’Office national des forêts (ONF) ne vienne vérifier qu’aucun animal ne s’y trouvait emprisonné.
Présent durant les travaux d’abattage pour veiller au respect des mesures de protection des chauves-souris et des amphibiens présents dans les zones humides, l’écologue de l’ONF a sensibilisé et accompagné les bûcherons responsables du déboisement et a pris en charge les animaux délogés pour les mettre en lieu sûr.
(1) Les cavités se forment naturellement dans les arbres à la suite de blessures, de fentes ou d'écorces décollées. Leur présence offre un abri aux chauves-souris pendant la journée.
Relogement
Afin d’offrir un nouveau lieu de vie à ces animaux et de compenser la perte des arbres, l'Andra a engagé plusieurs mesures de compensation : reconstitution d’une zone humide à Crespy-le-Neuf distante de 4 kilomètres à vol d’oiseau (semis de prairies, plantations d’arbustes), creusement d’amorces de cavités dans les arbres pour les chauves-souris autour du Cires, création d’une mare et d’îlots de sénescence(2) au Bois des Grès, et enfin travaux de reboisement dans la forêt communale de Morvilliers, qui avait été fortement endommagée par la tempête de décembre 1999.
« Pour chaque compensation, nous avons un devoir de suivi sur plusieurs dizaines d’années, souligne Emmanuel Hance. Durant cette période, c’est à l’Andra d’entretenir les dispositifs de compensation et de vérifier régulièrement que les mesures retenues jouent bien leur rôle en faveur de la biodiversité. »
(2) Surfaces laissées en évolution libre sans intervention humaine jusqu'à l'effondrement des arbres. Ce dispositif favorise la biodiversité en offrant un habitat à de nombreuses espèces.
Un calendrier bien respecté
Après les opérations de déboisement et l’obtention d’un résultat négatif pour le diagnostic archéologique mené en décembre 2024, les équipes de l’Andra ont attendu le mois d’avril 2025 pour procéder à l’arrachage et au broyage des souches, afin de respecter le rythme de vie de la faune. Le mois de mai était, quant à lui, dédié aux travaux de terrassement des 10 hectares de terrain. « Toutes ces opérations se sont déroulées selon le planning prévu et le chantier avance dans le respect des engagements et des compensations environnementales », souligne Emmanuel Hance, qui a porté ce message devant les riverains lors d’une conférence organisée en mai dernier par l’Andra et l’ONF au Centre de stockage de l’Aube. Il y a aussi annoncé les prochaines étapes du chantier : à court terme, l’été 2025 sera dédié aux différents aménagements de la zone (bassins, clôtures, sentiers, etc.), l’objectif final étant la mise à disposition de la tranche 3 à l’horizon 2028.
UN NOUVEL HABITAT POUR LES AMPHIBIENS
Afin de reloger les amphibiens (grenouilles, salamandres, etc.) présents dans la zone déboisée, l'Andra s'est engagée à créer une zone humide à proximité. Pour cela, il a fallu combler un fossé, abattre une peupleraie, végétaliser les prairies avec des plantes spécifiques ou encore planter des fourrés et des haies. Un travail minutieusement réalisé qui permet à la faune accueillie de poursuivre son développement.