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Et ailleurs, comment apprehende-t-on la notion de risque

Chimie, ferroviaire, aéronautique… Les notions de maîtrise des risques et de sûreté font partie intégrante de la politique de toutes les grandes industries. Intéressons-nous à celle d’Astrium Space Transportation, avec François Coron, directeur des développements et évolutions-dissuasion au sein de cette filiale d’EADS.

Dans le cadre des programmes français de dissuasion nucléaire, nous construisons et livrons des missiles dont la propulsion est assurée par plus de 50 tonnes de poudre. La maîtrise de risque est donc omniprésente. Elle concerne d’abord l’environnement et la sécurité des compagnons, dans les ateliers de fabrication. Puisqu’ils manipulent des matières dangereuses, et afin d’éviter tout risque de pollution, d’explosion, d’incendie, d’exposition radiologique…, nos techniciens doivent suivre à la lettre des procédures précises et en valider chaque étape, avant de passer à la suivante. Lorsque les missiles sont ensuite embarqués à bord de sous-marins, ils sont proches de la chaufferie nucléaire du navire.

Nous réalisons donc des contrôles approfondis, avant, pendant et après l’embarquement, pour vérifier qu’il n’y a pas d’interaction dangereuse entre le missile et la chaufferie, et plus généralement, l’ensemble du navire. La sûreté se joue aussi dans la conception des outils de travail. Nos ingénieurs mettent au point des ateliers très solides, dotés de plusieurs barrières de sécurité (par exemple, comportant deux mécanismes d’accroche, pour que l’un supplée l’autre immédiatement en cas de casse). De même, ils font en sorte qu’un accident ne puisse se produire que si plusieurs pannes ont lieu indépendamment, à plusieurs endroits de la chaîne. Cette conception fait l’objet de tellement de réflexions, de tests, d’analyses… qu’il faut en moyenne cinq ans pour créer un atelier de construction de missiles.

Mais n’oublions pas que, si nous disposons de systèmes de contrôle et de calcul ultra-performants, l’homme reste au cœur de l’analyse de la sécurité : lui seul peut évaluer les mesures prises, les anomalies survenues, et imaginer l’impossible…