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Gestion des déchets radioactifs : la Corée du Sud passe la vitesse supérieure

Construction d’un stockage en surface, lancement d’un programme de recherche sur le stockage géologique… En Corée du Sud, la gestion des déchets radioactifs est plus que jamais d’actualité ! L’Andra partage avec le pays son expertise en la matière.

Le programme nucléaire de la Corée du Sud remonte aux années 1950, lorsque le pays devient membre de l’Agence internationale de l’énergie atomique. En 1959, l’institut de recherche KAERI (Korea Atomic Energy Research Institute) est créé afin de développer les applications civiles de la technologie nucléaire. On lui doit notamment le premier réacteur de recherche du pays, en 1962, ou encore la mise au point d’un traitement radiopharmaceutique contre le cancer du foie.

En 1978, la première centrale nucléaire entre en service, ouvrant la voie à un programme d’énergie nucléaire ambitieux visant l’autosuffisance énergétique. En 2023, la Corée du Sud dispose de 24 réacteurs nucléaires opérationnels fournissant environ 29 % de l’énergie du pays. Quatre autres sont en construction.

Deux catégories de déchets

Comme tous les pays recourant à l’énergie nucléaire, la Corée du Sud est confrontée à la problématique de la gestion de ses déchets radioactifs, qu’elle a confiée, à patir de 2009, à l’agence coréenne des déchets radioactifs KORAD (Korea Radioactive Waste Agency). 

Cette dernière distingue selon leur niveau de radioactivité :

  • les déchets de faible et moyenne activité, ou LILW(1) (vêtements de travail, gants et pièces de rechange utilisés dans les centrales nucléaires, mais aussi flacons de réactifs, seringues et tubes provenant d’instituts de recherche ou d’hôpitaux, etc.) ;
  • les déchets de haute activité, ou HLRW(2) (combustibles usés qui ont servi à la production d’énergie nucléaire).

Stockage souterrain et en surface pour les déchets les moins radioactifs

Galerie souterraine de l'installation de stockage coréenne de déchets de faible et moyenne activité.
©KORAD

Depuis 2015, les déchets de faible et moyenne activité sont pris en charge dans le centre de stockage WLDC (Wolseong Low and Intermediate Level Radioactive Waste Disposal Centre), exploité par KORAD et situé à Gyeongju, dans le sud-est du pays.

Pour l’instant, seule une première zone de stockage est en service. Construite à une profondeur de 150 à 200 mètres, elle comprend six silos creusés dans la roche et mesurant 40 mètres de haut et 24 mètres de diamètre chacun. Les colis de déchets sont placés dans des conteneurs de stockage empilés les uns sur les autres à l’intérieur des silos.

Fin août 2022, la Commission de sûreté et de sécurité nucléaire du pays (Nuclear Safety and Security Commission, NSSC) a donné à la KORAD l’autorisation de construire une deuxième tranche, en surface cette fois, sur le modèle du Centre de stockage de l’Aube (CSA) de l’Andra. Elle devrait accueillir des déchets de faible activité à partir de 2024. 

Sur le même site, une troisième tranche en surface pour les déchets radioactifs de très faible activité est en cours de conception.

Le stockage géologique des déchets de haute activité à l’étude

Construction de la deuxième tranche en surface de l'installation de stockage coréenne de déchets de faible et moyenne activité.
©KORAD

Quant aux déchets de haute activité, entreposés sur les sites des centrales nucléaires, ils n’ont pas encore de solution de gestion définitive. La Corée du Sud réfléchit depuis les années 1980 à une solution de stockage géologique en milieu granitique et a confié à KAERI l’étude du concept de stockage dans son laboratoire de recherche souterrain, le KURT (Kaeri Underground Research Tunnel), construit en 2006. Un emplacement devrait être choisi à l’horizon 2035, auquel cas un nouveau laboratoire de recherche souterrain sera construit sur le site retenu. La mise en service pourrait avoir lieu quant à elle à l’horizon 2060. De nouvelles installations d’entreposage provisoire sont toutefois prévues bien avant, car la capacité d’entreposage sur les sites nucléaires coréens les plus anciens sera atteinte dès 2031-2032.

Parallèlement, un Institut coréen des combustibles usés (Institute for Korea Spent Nuclear Fuel, iKSNF) a été créé fin 2020 par le gouvernement coréen pour piloter les programmes de recherche et développement sur la sûreté du combustible usé et la gestion à long terme associée, notamment via le stockage en couche géologique profonde. Il s’agit du premier programme interministériel de l’industrie nucléaire de Corée du Sud(3). Lancé en 2021, il devrait s’achever en 2029.

 

Une collaboration franco-coréenne de longue durée

Pour mener à bien tous ces projets, la Corée du Sud s’appuie sur l’expertise des pays plus avancés en matière de gestion des déchets radioactifs, au premier rang desquels la France. L’Andra accompagne ainsi son homologue KORAD depuis de nombreuses années via des visites de ses installations, l’accueil de stagiaires, ou encore l’assistance au dossier de sûreté de la deuxième tranche du stockage coréen pour les déchets de faible activité à Gyeongju. Par ailleurs, en 2022, Expertise France a recruté un agent de l’Andra pour le nommer conseiller auprès de l’iKSNF avec pour mission d’apporter l’expérience française en matière de gestion des déchets de haute activité.

(1) Low and intermediate level radioactive waste.
(2) High level radiactive waste.
(3) Ministère des Sciences et des Technologies de l’information (MSIT), ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Énergie (MOTIE), et Autorité de sûreté nucléaire (KINS).