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Interview de Fabrice Puyade, directeur des ressources humaines de l’Andra

Vous avez choisi de faire de l’alternance un axe privilégié de la politique de ressources humaines de l’Andra. Pour quelle raison ?

Fabrice Puyade, DRH de l'Andra

Beaucoup d’entreprises notamment dans l’industrie ont fait le pari de considérer qu’il y a aussi une autre voie d’excellence à côté des grandes écoles à la française. Cette voie, c’est l’alternance et l’apprentissage. Elle constitue une opportunité de former des salariés qui auront eu le temps de s’approprier les savoir-faire et les savoir-être de l’entreprise qui les accueille. Mais au-delà des besoins immédiats de main-d’œuvre qualifiée, l’alternance est aussi un excellent vecteur d’intégration pour les jeunes qui ont des difficultés à trouver leur cheminement professionnel. En tant qu’agence publique, l’Andra a le devoir de donner à ces personnes les moyens d’apprendre et de trouver la voie qui leur convient le mieux… chez nous, ou ailleurs. Aujourd’hui, nous accueillons ainsi des jeunes qui ont des profils très variés en bac pro, en licence, en master 2, en écoles d’ingénieur, mais aussi des personnes en reconversion, et ce dans tous nos services.

 

Qu’est-ce qui fait l’intérêt de l’alternance selon vous ?

On reproche très fréquemment aux jeunes en recherche d’emploi de ne pas avoir d’expérience. Or, il faut bien commencer par un premier emploi pour en acquérir ! L’alternance permet de suivre un cursus d’études académiques et de mettre en pratique la théorie. Mais surtout, elle vous confronte à ce que l’école ne vous apprend pas : le fonctionnement et la maîtrise d’une organisation, les relations interprofessionnelles, le savoir-être en entreprise – les fameuses soft skills – qui sont aussi importantes (si ce n’est plus !) que le bagage scolaire. C’est une évidence : on progresse beaucoup plus vite, lorsqu’on met en pratique ce que l’on apprend.

 

« L’alternance est aussi un excellent vecteur d’intégration. »

Qu’en retire l’Andra ?

Journée des alternants 2019

Beaucoup de choses. D’abord, les alternants et plus généralement les jeunes générations nous apportent une chose essentielle : un regard neuf, une vision que nous n’avions pas ou plus sur nos métiers. C’est l’opportunité d’ouvrir des voies nouvelles, d’explorer d’autres manières de travailler. Un alternant peut revitaliser un service, parce qu’il va poser des questions qu’on peut ne plus se poser, parce qu’il aura des façons de faire différentes. En général, les équipes apprennent elles aussi beaucoup de leur alternant, et la mission de tutorat est aussi une très belle manière de progresser professionnellement.

Par ailleurs, on constate depuis quelques années une perte d’intérêt pour les métiers du nucléaire. C’est un fait : s’ils attiraient beaucoup les jeunes techniciens et ingénieurs il y a encore quelques années, ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Et pourtant, la gestion des déchets radioactifs appelle des besoins d’expertise sur le long terme dans ce secteur, que ce soit pour le projet de stockage géologique Cigéo ou nos installations de stockage en surface. L’alternance peut être une occasion de faire découvrir aux jeunes l’intérêt de nos métiers. Sur certains postes très spécifiques techniquement, c’est aussi une source de prérecrutement.

 

Quel est l’intérêt de travailler à l’Andra pour un alternant ?

Lors des Journées de l’alternance dont nous venons d’organiser la deuxième édition, nous expliquons notamment aux futurs alternants que l’Andra gère les déchets radioactifs produits chaque jour et travaille sur Cigéo, un projet industriel unique en son genre, d’envergure nationale, et pour les générations futures. C’est un challenge technique, scientifique, mais également éthique. Et c’est quelque chose que nous avons besoin et envie de transmettre. En outre, pour ceux qui se destinent aux métiers techniques et scientifiques, l’Andra représente un environnement de travail exceptionnel, à la pointe des technologies et de la recherche. Notre Laboratoire souterrain, à 500 mètres de profondeur en est notamment la preuve.

 

Avez-vous des objectifs de recrutement ?

Non. Aujourd’hui, nous accueillons vingt à vingt-cinq alternants par an, pas plus. Et le but n’est pas de nous fixer des objectifs de recrutement à terme. Bien sûr, certains alternants pourront rejoindre nos équipes, mais notre vocation est d’abord d’accompagner les personnes dans leur cheminement professionnel, de leur délivrer des compétences qu’ils pourront très bien réexploiter ailleurs. Miser sur la transmission, l’apprentissage de longue durée est une valeur clé pour l’avenir, une démarche responsable qui va bien au-delà des activités de l’Andra. Je considère que nous atteignons notre objectif lorsqu’un alternant nous quitte en ayant appris quelque chose…