La Cli de Soulaines se réunit sur le Nouveau Nucléaire Français : regards croisés sur un projet structurant
La candidature de la ville de Nogent-sur-Seine (Aube) pour accueillir deux réacteurs de nouvelle génération (ou EPR2) sur son territoire était à l'ordre du jour de la Cli (Commission locale d'information) de Soulaines le 11 décembre dernier. L'éclairage de Philippe Pichery, président du Conseil du département de l'Aube et de la Cli de Soulaines, et d'Estelle Bomberger-Rivot, maire de Nogent-sur-Seine, vice-présidente de la Cli de Nogent-sur-Seine et conseillère départementale.
< Entretien avec Philippe Pichery >
En quoi ce projet, s'il se réalise, impactera le département de l'Aube ?
Ph. P. : Il s'agit d'un projet majeur pour notre territoire... Le type de dossier qui - de par son ampleur - ne se présente qu'une fois tous les 20 ans ! Il va notamment entraîner un surcroît bienvenu d'activité économique et l'arrivée de populations nouvelles sur le Nogentais, la zone de Romilly-sur-Seine et l'agglomération troyenne.
Quels sont les principaux domaines dans lesquels votre département apportera son soutien pour la mise en oeuvre de ce projet ?
Ph. P. : Cet accompagnement touchera nombre de secteurs. Notre département soutiendra tout d'abord financièrement les communes et les intercommunalités dans la construction et/ou l'adaptation des équipements publics indispensables à l'accueil des nouveaux arrivants. Nous disposons également d'importantes réserves foncières que nous mettrons à disposition pour d'éventuels échanges en vue de la libération des emprises nécessaires à l'implantation du projet. Nous serons enfin en mesure d'identifier les bénéficiaires du RSA résidant à proximité des futurs sites dans le cadre de leur retour à l'emploi.
Vous avez décidé de constituer un comité de soutien à la candidature de Nogent-sur-Seine. Comment est-il composé ?
Ph. P. : Ce comité sera présidé par Mme la Préfète de l'Aube. Son socle est constitué de représentants de deux régions (Île-de-France et Grand-Est), de deux départements (l'Aube et la Seine-et-Marne), du Nogentais, du Provinois et de l'agglomération troyenne, ainsi que de la ville de Nogent-sur-Seine. Il est renforcé par la présence de l'association des Maires de l'Aube et des chambres consulaires (CCI, Chambre d'Agriculture et Chambre des Métiers). Sans bien spur oublier EDF et les services déconcentrés de l'Etat. Les différents acteurs de notre bassin de vie y sont également conviés : aménageurs, bailleurs sociaux, associations diverses... L'idée étant de fonctionner dans une logique permanente de co-construction.
En quoi la mise en place de ce comté est-elle importante ?
Ph. P. : Afin de mettre toutes les chances de notre côté, il s'avère fondamental de parler d'une seule voix vis-à-vis des instances décisionnaires. C'est un gage essentiel de crédibilité. L'unité affirmée de l'ensemble des parties prenantes de notre territoire contribue à la solidité de cette candidature.
« Il s'agit d'un projet majeur pour notre territoire... Il va notamment entraîner un surcroît bienvenu d'activité économique et l'arrivée de nouvelles populations »
< Entretien avec Estelle Bomberger-Rivot >
En quoi ce projet est-il important pour la ville de Nogent-sur-Seine ?
E. B.-R. : Il permettra tout d'abord d'assurer l'activité économique du Nogentais sur le long terme. Il constituera de fait un accélérateur de développement, en ce qu'il permettra d'attirer des métiers différents de ceux actuellement exercés dans notre centrale. Il participera également au renforcement de l'image de notre territoire en tant que terre d'énergie et contribuera à le projeter dans l'avenir. Enfin, il garantira une vitalité démographique indispensable à la dynamique de notre bassin de vie.
A quelle échéance pourrait-il voir le jour ?
E. B.-R. : L'étape fondatrice sera l'annonce par le Président de la République des sites retenus. Celle-ci devrait intervenir avant la fin de son mandat. D'ici là, il nous appartiendra d'avoir réussi à respecter un certain nombre de critères : indentification et mise à disposition des réserves foncières, aboutissement des négociations avec les agriculteurs et la SAFER (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural), modification du PLU (Plan local d'urbanisme)... Si notre dossier est retenu, les travaux pourraient commencer à l'horizon 2035/2040, en fonction du calendrier de réalisation des premiers EPR déjà programmés.
Comment votre population accueille-t-elle ce projet ?
E. B.-R. : L'accueil est d'autant plus positif que notre centrale actuelle fait partie intégrante de notre territoire et de notre quotidien. Son extrême proximité géographique avec notre centre-ville, l'intégration des agents EDF qui y travaillent au sein de notre tissu associatif et local, mais aussi les recettes fiscales qu'elle génère pour notre collectivité favorisent grandement cet ancrage. Ce projet suscite à la fois de l'enthousiasme et un sentiment de fierté partagée de pouvoir s'inscrire ainsi dans l'action en faveur de la souveraineté énergétique de notre pays.
La proximité de Nogent-sur-Seine avec les centres industriels de l'Andra dans l'Aube a-t-elle contribué à votre décision de déposer votre candidature ?
E. B.-R. : Cet élément est bien évidemment important dans la constitution de notre dossier en ce qu'il apporte une plus-value, d'ordre logistique notamment. Cette proximité permet en outre de réduire l'empreinte carbone du transport des déchets et participe de ce fait à l'économie générale du projet.
« Ce projet permettra d'assurer l'activité économique du Nogentais sur le long terme. »