L’Agence internationale de l’énergie atomique : un partenaire clé pour l’Andra à l’international
Si elle fait parler d’elle dans les moments de crise impliquant des technologies nucléaires, comme en Iran ou en Ukraine, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) assure une mission plus globale : garantir une utilisation sûre et pacifique du nucléaire dans le monde. La France participe à cette ambition, notamment dans le domaine de la gestion des déchets radioactifs avec l’implication de l’Andra. Explications avec Marie Maertens, chargée des relations institutionnelles à l’international à l’Andra.
Les images ont fait le tour du monde. En septembre 2022, Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’AIEA, et ses équipes inspectaient la centrale nucléaire de Zaporijjia, à Energodar, au sud-est de l’Ukraine. Cette visite visait à faire un état des lieux du site, occupé par les Russes et au cœur d’inquiétants bombardements. C’était la première fois en soixante-cinq ans d’histoire de l’AIEA que des observateurs traversaient une ligne de front pour procéder à une inspection.
Créée en 1957, l’AIEA accompagne 175 États membres dans leur utilisation des technologies et applications nucléaires. Surnommée le « gendarme international » du nucléaire, l’AIEA est, au sein de la famille des Nations unies, une instance intergouvernementale pour la coopération internationale dans le domaine du nucléaire. Elle veille au respect de la sûreté et de la sécurité des utilisations de l’énergie atomique, et s’assure que les usages civils et pacifiques ne soient jamais détournés à des fins militaires. Grâce à certaines mesures techniques, appelées « garanties » (safeguards), l’AIEA met notamment en œuvre des vérifications d’installations nucléaires. Ces garanties sont ainsi une composante du système international de sécurité avec le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Le canal officiel d’échanges entre la France et l’AIEA
Avec la France, les interlocuteurs officiels de l’AIEA sont la Représentation permanente à Vienne (diplomatie française) et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Ce dernier assure la coordination avec les acteurs institutionnels français du nucléaire – l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), etc. –, ainsi qu’avec des industriels du secteur nucléaire comme EDF, Orano ou Framatome.
La coopération internationale au service de tous les membres
L’AIEA interagit avec ses membres dans le cadre de nombreuses activités comprenant la définition de standards internationaux, le partage de connaissances et l’accompagnement des pays membres. « Cela passe par de nombreux groupes de travail et de réseaux d’experts internationaux qui contribuent à la mise au point de référentiels et de publications techniques, mais également par des missions d’expertise dans les pays en demande ou par l’accueil de délégations internationales dans nos installations en France. C’est une instance collaborative très respectée », confirme Marie Maertens, chargée des relations institutionnelles à l’international à l’Andra.
Des groupes pérennes existent ainsi sur les centres de stockages de surface, les laboratoires souterrains, sur les inventaires de matières et déchets radioactifs, etc. Les projets sont également très variés : « Il s’agit, par exemple, de la conception de supports de formation pour les pays initiant un programme de gestion de déchets radioactifs, ou d’ateliers focalisant sur les méthodes d’évaluation de l’impact radiologique et environnemental d’un centre de stockage », détaille Marie Maertens.
La coopération internationale permet à tous les pays de bénéficier de l’expertise ainsi que du retour d’expérience de tous ses membres. Et l’Andra fait partie des acteurs qui contribuent à de nombreuses activités de l’AIEA. « Rencontrer nos homologues internationaux est enrichissant afin d’interagir avec d’autres experts sur tous les aspects de la gestion sûre et à long terme des déchets radioactifs. Avoir un regard extérieur est toujours très précieux ! » conclut Marie Maertens.
Le fonctionnement de l’AIEA
Basée à Vienne, en Autriche, l’AIEA dispose de plusieurs organes décisionnels au sein desquels les États membres eux-mêmes déterminent les orientations à prendre : la Conférence générale réunissant tous les États membres se tient une fois par an et aborde les aspects budgétaires et stratégiques ; le Conseil des gouverneurs, représentant 35 pays membres, se réunit cinq fois par an et examine les états financiers et le programme de l’AIEA. Il fait également des recommandations pour la Conférence générale.
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La Convention commune de l’AIEA
La Convention commune sur la sûreté de la gestion du combustible usé et sur la sûreté de la gestion des déchets radioactifs est un des instruments juridiques internationaux relatifs à la sûreté nucléaire adoptés sous les auspices de l’AIEA, qui supervise leur mise en œuvre. À ce jour, 88 États, dont la France, ont ratifié cette convention. Ainsi, tous les trois ans, ces pays partagent un rapport complet, revu et questionné par les pairs, et présentent leur situation nationale lors de sessions orales au siège de l’AIEA à Vienne. L’Autorité de sûreté nucléaire pilote le dossier français auquel contribue l’Andra sur son périmètre d’activités.