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L'argile, une passion d'experts

Roche familière et pourtant mystérieuse, l'argile intrigue les experts qui n'ont pas fini d'en explorer toutes les facettes. Mais qui sont ces spécialistes ?

Près de 500 chercheurs de 30 pays réunis à Nancy lors de la 8e Clay conference, autour de l'étude des matériaux argileux appliquée au stockage géologique.

« L’Andra compte une vingtaine de spécialistes chargés d’étudier l’argile sous ses différents aspects : mécanique, chimique, géologique, etc., expliquent Nicolas Michau, ingénieur matériaux argileux, et Benoît Madé, ingénieur géochimiste. Bien sûr, nous ne travaillons pas seuls : nous collaborons étroitement avec de nombreux experts, en France et à l’international. » Parmi ces partenaires figurent le BRGM(1), le CNRS(2), le CEA(3), l’université de Poitiers, l’École des ponts ou encore l’École des mines. « Nous échangeons également avec nos homologues internationaux en charge de la gestion des déchets radioactifs, ajoutent les deux ingénieurs. Enfin, l’Andra fait partie de l’association le Groupe français des argiles (GFA), branche française de l’Association internationale pour l’étude des argiles (AIPEA). C’est important pour valoriser nos recherches, échanger sur des problématiques ou encore découvrir de nouvelles avancées. »

Une conférence sur l'argile à l'initiative de l'Andra

Autre rendez-vous majeur des experts de l’argile : la conférence « Clays in natural and engineered barriers for radioactive waste confinement ». Initiée en 2002 par l’Andra, cette conférence scientifique réunit tous les deux ans et demi 400 à 500 experts de plus de 30 pays : organismes de gestion des déchets, chercheurs et spécialistes du domaine. La dernière édition s’est tenue en 2024 à Hanovre en Allemagne, et la prochaine aura lieu en 2027. Elle sera organisée conjointement par l’Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies (Ondraf) et la Centrale Organisatie Voor Radioactief Afval (Covra), en charge de la gestion des déchets radioactifs respectivement en Belgique et aux Pays-Bas.

 

(1) Bureau de recherches géologiques et minières.
(2) Centre national de la recherche scientifique.
(3) Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.

 

 

Eric Ferrage, directeur de recherche au CNRS affecté à l'Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (IC2MP), lauréat 2024 de la Société américaine des argiles

Le fil rouge d’une carrière…
« Je travaille sur la réactivité des argiles au contact avec l’eau et les polluants. J’ai fait ma thèse à l’Andra il y a vingt-cinq ans sur le sujet et j’ai continué depuis. L’argile m’intéresse car elle est complexe et présente dans tous les environnements. Avec l’Andra, je travaille sur la réactivité des argiles du Callovo-Oxfordien pour le stockage de Cigéo, et sur les mécanismes de diffusion de l’eau et des radionucléides. Je développe des jumeaux numériques pour simuler le milieu naturel, en faisant varier par exemple la porosité de la roche ou bien l’organisation des argiles dans le milieu. J’apprécie la démarche de l’Andra, qui finance des projets de recherche allant du plus fondamental au plus appliqué. Cela permet d’enrichir les connaissances sur l’argile de manière absolue et pas seulement en vue du stockage de déchets radioactifs ! »