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Le risque sismique vu d’ailleurs

L'exemple de l'Italie, du Japon et de la Corée du Sud.

L'Italie

Marco Sabatini Scalmati, responsable des relations médias au sein de Sogin, l’entreprise publique italienne en charge de la gestion des déchets radioactifs (Sogin), a répondu à nos questions.

© Sogin

En Italie, la chaîne de montagnes des Apennins qui parcourent l’Italie du nord au sud a connu une activité sismique importante. Qu'en est-il des risques de tremblement de terre dans le reste du pays ?

L'histoire géologique complexe de l'Italie recouvre des zones sismiques très actives et des zones nettement moins actives, avec de nombreuses « zones de transition » où l'aléa sismique est dû à une combinaison des effets de tremblements de terre lointains et de très forte intensité avec d’autres à côté plus diffus et d’intensité plus faible. En 2004, la carte des aléas sismiques de l'Italie a été publiée. Elle présente les résultats de calculs de probabilité que des tremblements de terre de caractéristiques supérieures à des niveaux déterminés se produisent dans des zones géographiques données au cours de périodes données. De cette carte est élaboré un zonage du risque sismique qui constitue une référence réglementaire pour la conception des bâtiments en Italie et la prise en compte éventuelle de dispositions parasismiques.

Comment les risques sismiques sont-ils pris en compte dans la conception de vos projets de stockage définitif de déchets radioactifs ?

L'Agence italienne de sûreté nucléaire a déclaré en 2014 que la sélection préliminaire des sites potentiellement aptes à accueillir en un même lieu les installations de stockage des déchets radioactifs de faible activité, et les bâtiments d’entreposage à long terme de déchets intermédiaires et de haute activité devait exclure toutes les zones à fort risque sismique. Ensuite, le site finalement retenu sera précisément caractérisé pour obtenir tous les paramètres de dimensionnement sismique et de sûreté.

Les sites de stockage temporaire de déchets radioactifs [équivalent de l’entreposage en France] ont-ils déjà subi des tremblements de terre ? Si oui, y a-t-il eu des impacts ? Quelles leçons en avez-vous tirées ?

Toutes nos installations de stockage temporaire de déchets radioactifs sont situées dans des zones de faible activité sismique. Elles n'ont donc été à ce jour soumises uniquement à des secousses mineures sans provoquer d’impact. Au cours des dernières décennies, après les récents séismes de forte intensité en Italie, Sogin a décidé d'étendre son réseau de mesures sismiques, d’en augmenter la sensibilité pour permettre, sur chaque site, une surveillance sismique encore plus minutieuse. De plus, tous les stockages temporaires construits récemment intègrent des marges de sûreté antisismiques strictes, plus exigeantes que celles requises par la réglementation actuelle.

 

Le Japon

Kenichi Kaku, responsable du groupe d’intégration technologique au sein de l’Organisation japonaise de gestion des déchets nucléaires (NUMO), a répondu à nos questions.

© NUMO

Quels sont les risques sismiques connus au Japon et où sont les zones les plus exposées du pays ?

Trois risques majeurs sont identifiés au Japon : la destruction de bâtiments par mouvement sismique du sol ; par liquéfaction du sol causée par le mouvement sismique du sol ; et par tsunami (dans le cas où l'épicentre du tremblement de terre se trouve dans la mer). Au Japon, la côte Pacifique qui s'étend de Hokkaido à Shikoku correspond à une zone de rencontre de plusieurs plaques tectoniques. La côte est sujette aux tremblements de terre de forte intensité (voir la figure ci-dessous). Nous avons aussi connaissance de failles actives dans les terres, ce qui implique que tout le Japon est exposé à un risque sismique.

Comment ces risques sont-ils pris en compte dans le stockage des déchets radioactifs dans le pays ?

Dans le cas du stockage géologique profond, pour prendre en compte le risque sismique, nous excluons d’abord les zones où une faille active pourrait exister. Ceci est également nécessaire pour se prémunir de la modification des voies d'écoulement des eaux souterraines en raison de l'augmentation de la perméabilité de la roche autour de la faille. Ensuite, nous faisons en sorte de renforcer le dimensionnement des structures des bâtiments de surface et du tunnel afin de répondre aux règles parasismiques. Enfin, pour éviter le risque de tsunami, l'installation de surface est construite à une altitude plus élevée que la hauteur d’atteinte d’un éventuel tsunami. Ce à quoi nous ajoutons un dispositif de protections supplémentaires au moyen de digues et de portes étanches pour éviter les inondations.

Quelles conséquences l'accident de Fukushima a-t-il eues sur l’exploitation de votre installation de stockage de déchets radioactifs ?

Compte tenu de la catastrophe de Fukushima, les mesures vis-à-vis des catastrophes naturelles ont été renforcées et nous prenons en compte des risques potentiels d’accidents au-delà des hypothèses conventionnelles.

 

La carte nationale des risques sismiques au Japon, ci-contre, a été publiée en 2018 par le Gouvernement japonais. Elle illustre le potentiel des zones à être frappées par un tremblement de terre de magnitude 6 ou plus au cours des 30 prochaines années.

 

La Corée du Sud

Le Dr Jae-Yeol Cheong, chercheur principal de l’équipe d’évaluation de la sûreté de l’Agence coréenne de déchets radioactifs (KORAD) a répondu à nos questions.

© KORAD

Où se trouvent les zones les plus exposées aux séismes en Corée du Sud ?

Une étude sur les failles sismiques de l’ensemble de la Corée du Sud a été lancée avec la loi de 2008 qui encadre les dispositifs de prévention des séismes. Des cartes des failles actives et des cartes des risques sismiques ont ainsi été réalisées entre 2009 et 2012. La région avec le risque de tremblement de terre le plus élevé identifiée sur ces cartes est celle de Daegu, dans le sud-est de la péninsule coréenne.

Comment les risques sismiques sont-ils pris en compte dans les choix du pays concernant le stockage de ses déchets radioactifs ?

Selon la loi sur les déchets radioactifs, après avoir estimé le tremblement de terre maximal possible dans un rayon de 320 km autour du site de stockage, nous devons évaluer l’intensité locale sur le site en cas de survenue d’un séisme. De plus, s'il existe une faille le long de laquelle il est possible qu’un mouvement de terrain se produise, dans un rayon de 8 km autour du site, les caractéristiques de la faille et la sûreté du stockage qui en découle doivent être évaluées et décrites en détail.

En 2016, la Corée du Sud a connu un tremblement de terre dans la zone où se trouve son installation de stockage de déchets radioactifs. Quelles mesures ont été prises en conséquence ?

Suite au tremblement de terre du 12 septembre 2016 à Naenam-myeon, Gyeongju-si, l’échelle de séisme retenue pour concevoir la structure, le système et l’équipement de l'installation de stockage, a été revue à la hausse. Elle est aujourd’hui basée sur l’estimation du séisme potentiel maximal caractéristique dans la région. Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité a également lancé un nouveau projet en 2017 pour compléter toutes les cartes de failles sismiques actives coréennes. Le Gouvernement s’est donné 20 ans pour cette mise à jour et a démarré par la région de Gyeongju.