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L’IRSN, une expertise indépendante pour évaluer les risques

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) est l’expert public pour l’expertise et la recherche sur les risques liés à la radioactivité. Il contribue à ce titre aux évaluations du projet Cigéo tout au long de son développement. Delphine Pellegrini, chef de service à l’IRSN, explique les enjeux de sûreté liés à Cigéo.

Quel est le rôle de la géologie pour le stockage géologique des déchets radioactifs ?

La couche géologique d’implantation du stockage, le Callovo-Oxfordien, joue un rôle essentiel pour la sûreté de Cigéo car c’est elle qui va empêcher sur le très long terme que la plupart des radioéléments atteignent les nappes phréatiques et se dispersent dans l’environnement. Les autres « barrières » utilisées pour le stockage, qui sont fabriquées par l’homme, comme les conteneurs, vont s’altérer au fil du temps. 

Un défi est à relever : comment assurer la gestion de déchets extrêmement radioactifs, et cela sur une période de temps très longue ? La solution retenue pour ce projet repose sur la stabilité de la géologie depuis plusieurs millions d’années. Le principe est d’isoler et de confiner les déchets, de manière passive, sans intervention de l’homme. Les déchets sont ainsi placés en profondeur, dans une couche géologique aussi imperméable que possible pour retenir la radioactivité.

Il faut donc s’assurer que le stockage géologique soit capable d’empêcher un transfert important de radioéléments, ce qui renvoie principalement à 4 enjeux :

  • La roche d’accueil doit avoir de bonnes propriétés de confinement hydraulique et chimique ;
  • Les aléas naturels, comme des séismes, ne doivent pas modifier le stockage ;
  • Le creusement et les perturbations chimiques (avec l’insertion de béton par exemple) ne doivent pas perturber significativement les propriétés de confinement ;
  • Il faut enfin savoir refermer les puits et galeries creusés pour réaliser le stockage.

Comment l’IRSN expertise-t-elle les travaux de l’Andra ?

L’IRSN a mené et mène différents travaux sur la géologie des roches argileuses, les transferts de radioéléments, les scellements du stockage, les perturbations liées aux matériaux… nos recherches, qui alimentent notre expertise du projet Cigéo, concernent notamment les enjeux cités ci-dessus. Nous disposons de notre propre laboratoire de recherche souterrain à Tournemire, dans l’Aveyron, qui se situe dans un environnement géologique assez semblable au site de Cigéo. Cela renforce la possibilité de mener des recherches indépendantes et d’accroitre la pertinence de nos recommandations scientifiques et techniques.

Quel est le point de vue de l’IRSN sur les connaissances de la géologie du site d’implantation de Cigéo acquises par l’Andra ?

Le diagraphe optique permet de mesurer la fracturation de la roche après son creusement.

Nous expertisons régulièrement les informations dont dispose l’Andra. Reprenons les quatre grands enjeux que nous avons évoqués.

L’Agence a acquis une connaissance détaillée de la zone. Aujourd’hui, les mesures effectuées permettent de dire que la couche hôte a des propriétés de confinement favorables à l’implantation de Cigéo. Son homogénéité devra néanmoins être vérifiée au niveau des zones où la reconnaissance géophysique a donné des signaux qui pourraient témoigner d’un léger plissement. 

Le Callovo-Oxfordien est stable d’un point de vue géodynamique sur la zone étudiée, il y a peu de risques de fracturation. Mais il faut tenir compte de différents scénarios d’évolutions : nous avons par exemple demandé à l’Andra de simuler l’existence d’une faille, même si c’est peu probable. 

Concernant les perturbations mécaniques et chimiques qui pourraient survenir, l’Andra les a correctement identifiées. Les résultats présentés tendent à indiquer que l’extension de ces perturbations devrait être limitée par rapport à l’épaisseur de la roche hôte. Les perturbations mécaniques, qui pourraient réduire le confinement hydraulique autour des ouvrages creusés, devront être vérifiées par des tests en vraie grandeur.

Les essais de fermeture sont assez concluants à ce jour mais ils sont partiels et là encore, des tests en vraie grandeur sont indispensables car il s’agit d’objets assez complexes dans leur comportement.