Rencontre avec le professeur Jacques Foos, passionné d’atomes
Fin 2024, Jacques Foos a été intronisé Académicien Arts-Sciences-Lettres par la Société académique éponyme d’encouragement et d’éducation. En retraite dans le Cotentin, cet enseignant-chercheur qui a fait carrière dans les sciences nucléaires continue de s’y investir au service du savoir et de l’intérêt général.

À quand remonte votre passion pour le nucléaire ?
J’ai découvert la physique nucléaire au début des années 1960, les jeudis devant la « télévision scolaire »(1). J’avais 14 ans et les émissions allaient bien au-delà de ce que j’apprenais au collège. J’ai été saisi par la magie de l’infiniment petit et je n’ai plus décroché !
En cinquante ans de carrière universitaire, vous avez enchaîné fonctions et distinctions : est-ce ce dont vous rêviez alors ?
Comment le fils d’un père ouvrier et d’une mère au foyer aurait-il pu imaginer un tel parcours ? En fait, j’ai été très tôt fasciné par Marie Curie et cela a été le fil conducteur de ma carrière. Avoir été le cinquième et dernier successeur dans la chaire créée pour elle a d’ailleurs été un grand moment de ma vie. Mais ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir déposé avec mes équipes 140 brevets dans 17 pays. Bref, d’avoir été, selon le mot attribué au général de Gaulle, « un chercheur qui trouve ».
Justement, où trouvez-vous la motivation de vous investir encore dans le partage du savoir, notamment via les Commissions locales d’information (Cli)(2) du Cotentin ?
J’ai commencé bien avant ma retraite, puisque j’interviens depuis plus vingt ans en qualité d’expert dans les Cli de la centrale nucléaire de Flamanville, de l’usine de retraitement Orano La Hague et du centre de stockage de l’Andra. Les membres des autres collèges – militants associatifs, élu(e)s… – ont besoin de l’appui technique de spécialistes pour remplir leur mission. C’est un travail concret et fructueux.
Sous le parrainage de l’Andra, vous contribuez aussi à la constitution d’un herbier sur le site du Centre de stockage de la Manche (CSM).
Cet herbier va enrichir une précieuse collection commencée au XIXe siècle par la Société nationale de sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg dont je suis le directeur. Les scientifiques de l’époque ne pouvaient pas se douter que l’ADN des plantes serait un jour analysé ! Cette collaboration avec l’Andra nous permet de nous associer à sa mission de conservation de la mémoire. Cet herbier une fois réalisé sera archivé à trois endroits : dans nos locaux à la Société des sciences, au Muséum d’histoire naturelle de Paris et au CSM.