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Réfléchir à la mémoire à l’international

Du 17 au 19 avril dernier, à Boulogne-Billancourt, s’est tenue la réunion plénière du groupe d’experts international sur la conservation de la mémoire des centres de stockage (EGAP(1)), dont l’Andra est membre. Objectif : établir le programme de travail des années à venir. De la conception d’un nuclear message à l’étude des héritages culturels en passant par l’établissement d’un guide de rédaction d’un key information file (KIF), les pistes sont nombreuses pour enrichir la réflexion commune sur la question de la mémoire. 

De nombreux pays disposant de centres de stockage de déchets radioactifs, en fonctionnement ou en projet, s’intéressent à la préservation de la mémoire. Si ces installations sont conçues pour protéger l’humain et l’environnement à long terme sans qu’il y ait besoin d’action humaine, l’Andra, comme ses homologues internationaux, travaille aux moyens d’informer les générations futures de l’existence de ces centres le plus longtemps possible.

Dans un souci de porter la réflexion à une échelle transnationale et de contribuer à une vision partagée, l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) de l’OCDE a mis en place en 2020 un groupe international d’experts sur la conservation de la mémoire, EGAP, l’un des quatre groupes qui composent le groupe de travail IDKM (voir encadré). Les acteurs concernés du monde entier y participent pour construire les solutions de préservation de la mémoire les plus résistantes à l’oubli : opérateurs du nucléaire, exploitants d’installations de stockage, autorités de sûreté et leurs supports techniques, chercheurs universitaires, etc. 

« Ce n’est pas la première fois qu’un tel projet international se met en place. L’initiative RK&M de l’AEN a précédemment posé la première pierre, avec notamment l’identification de 35 mécanismes permettant de préserver et transmettre la mémoire. Avec EGAP, il s’agit d’aller encore plus loin, d’explorer des pistes qui pourront avoir des applications encore plus concrètes, explique Florence Poidevin, responsable du programme Mémoire à l’Andra. Au-delà du travail en commun, le partage d’expérience entre les pays est bénéfique à chacun. Nous avons à la fois beaucoup à apporter à travers nos différentes études sur la sémiotique, les matériaux, les analogues mémoriels… mais également beaucoup à apprendre des autres pays pour étoffer notre grille d’analyse. » 

Réfléchir aujourd’hui… pour demain

Siège de l'AEN à Boulogne-Billancourt
©Pemberlaid / licence Creative Commons

La réunion plénière du 17 au 19 avril a permis aux 19 participants venant de 9 pays différents de partager leurs expériences respectives en matière de conservation de la mémoire. C’est également l’occasion d’interventions plus iconoclastes qui viennent enrichir la réflexion sur le sujet, comme celle de Thomas Beaufils, chercheur à l’université de Lille et nouveau membre d’EGAP. Ses recherches portent sur les enjeux de la conservation des objets radioactifs historiques et la question de leur valeur patrimoniale. Cette thématique a tout naturellement amené les membres du groupe à pousser les portes du Musée Curie, à Paris, pour une visite aux origines de l’histoire de radioactivité et de la radiothérapie, à la découverte de ces objets historiques et du laboratoire de Marie Curie.

Mais les trois jours de plénière ont avant tout permis aux participants d’EGAP de se mettre d’accord sur le programme de travail des années à venir. Plusieurs axes ont été définis sur des thématiques touchant à l’archivage, les messages, la réglementation, l’héritage culturel, etc. « La mémoire est un enjeu de société intrinsèquement universel. Pour que les dispositifs mémoriels soient robustes sur le long terme, il est important de pouvoir échanger largement avec d’autres pays et de partager nos points de vue. L’effet de réseau participe à consolider la mémoire, car elle l’ancre plus solidement dans le présent », conclut Florence Poidevin.

 

(1) EGAP : Expert Group on Awareness Preservation 
Pour en savoir plus sur EGAP Pour en savoir plus sur le programme Mémoire de l’Andra

Un groupe de travail international sur la gestion de l’information, des données et de la connaissance

Créé en 2020 par l’AEN, le groupe de travail IDKM (Information, Data and Knowledge Management) se décompose en quatre groupes d’experts en lien avec la gestion des déchets radioactifs :

  • un groupe sur la conservation de la mémoire (EGAP) ;
  • un groupe sur l’archivage (EGAR) ;
  • un groupe sur le mangement des connaissances (EGKM) ;
  • un groupe sur la stratégie de gestion des données et de l'information liée à la sûreté (EGSSC).

L’Andra est présente en tant qu’experte dans trois de ces quatre groupes. Elle est en particulier membre du bureau d’EGAP.

Lancement d'IDKM
© AEN