Une roche modèle pour la recherche géologique
Si l'Andra a acquis une très bonne connaissance des argilites du Callovo-Oxfordien, les expérimentations se poursuivent pour parfaire ce savoir.
S’il est une roche particulièrement étudiée en France, c’est bien le Callovo-Oxfordien. Nombre de scientifiques ont participé aux travaux menés au Laboratoire souterrain de l’Andra. « C’est un lieu privilégié pour les chercheurs, car ils sont au plus près de la roche argileuse et peuvent l’étudier en continu », commente Jean-Charles Robinet, chef de département à la direction scientifique et technique.
L’ensemble des travaux menés depuis vingt-cinq ans ont démontré la capacité de confinement de la couche du Callovo-Oxfordien. Elle a en effet une perméabilité très faible, ce qui contraint les éléments radioactifs à se déplacer surtout par diffusion, de façon extrêmement lente. Par ailleurs, les chercheurs ont aussi établi que les argilites retiennent la plupart des éléments radioactifs grâce aux minéraux argileux de la roche, qui les fixent à leur surface.
Enfin, ils ont également montré qu'une majorité des radionucléides sont peu solubles dans l’eau présente naturellement dans la roche. Seuls certains radionucléides, très mobiles et à vie longue, peuvent migrer jusqu’aux limites de la couche argileuse, de manière très étalée dans le temps, sur plusieurs centaines de milliers d’années.

Un scientifique lors d'une opération de contrôle d'un démonstrateur d'alvéole, creusé dans l'argile, au sein du Laboratoire souterrain.
Les expérimentations actuelles
Si de nombreuses connaissances sont déjà acquises, les recherches se poursuivent. « Le Laboratoire souterrain est inscrit dans le temps long, explique Jean-Charles Robinet. Nous poursuivons les expérimentations pour confirmer les acquis sur des échelles plus longues et optimiser la conception de Cigéo. » Les chercheurs de l’Andra travaillent ainsi à la modélisation de la couche argileuse pour évaluer son comportement dans le temps et à l’étude de la pression de l’eau. Ils testent aussi de nouveaux capteurs, avec l’objectif d’un suivi à distance via les ondes propagées dans la roche.
Par ailleurs, des forages ont encore lieu pour préciser la géométrie en 3D de l’argilite : « Il nous faut affiner au maximum cette géométrie pour s’assurer que le tunnelier qui creusera le puits d’accès cible bien le centre de la formation », précise Jean-Charles Robinet. Toujours en matière de construction, des expérimentations sont menées avec de nouveaux matériaux (céramique, béton bas carbone…) pour étudier leurs interactions avec la roche. De nouvelles techniques de creusement sont également à l’essai. « Nous étudions différents usages possibles de l’argile excavée, car elle ne sera pas entièrement utilisée pour remblayer les galeries au moment de la fermeture de Cigéo », annonce Jean-Charles Robinet.