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Une surveillance continue

Depuis la pose de la couverture du stockage en 1997, le centre est officiellement en phase de « fermeture ». Depuis, les experts de l’Andra veillent au bon état des installations, suivent l’évolution du stockage, vérifient que son comportement est conforme aux prévisions et que son impact sur son environnement reste très faible. En quoi consiste le plan de surveillance du centre ? Comment s’organisent et évoluent les activités du CSM d’aujourd’hui ? Explications.

Pose d'une pièce de membrane

Une couverture observée sous toutes les coutures

Chambres de collecte des eaux (drainage et pluie)

La couverture du Centre de stockage de la Manche est un des éléments centraux de son dispositif de sûreté. Elle fait l’objet d’une surveillance fine et d’opérations de maintenance régulières. Constituée de plusieurs couches de matériaux, dont une géomembrane à base de bitume posée sur l’ensemble des ouvrages de stockage, elle vise à garantir la sûreté du centre en isolant les colis de déchets des potentielles intrusions et des infiltrations d’eau. Les qualités d’imperméabilité et d’étanchéité de cette barrière de protection sont minutieusement surveillées par des géomètres, des hydrogéologues, des chimistes…

Des relevés topographiques sont ainsi réalisés chaque année sur toute la superficie de la couverture. Effectuées au moyen de repères répartis régulièrement sur l’ensemble de la couverture (environ tous les 10 m), les mesures permettent de détecter d’éventuelles modifications du terrain, comme des tassements, des glissements, ou des fissures à la surface de la couverture. L’apparition de ces phénomènes n’a jamais remis en cause le rôle et le niveau de protection assurés par la couverture. Détectés très tôt, ils permettent aux équipes de l’Andra de programmer des travaux de renforcement, comme cela a été le cas en 2009 et 2011, ou, tous les ans, d’intervenir pour réparer les fissures apparues à la surface de la couverture.

 

« Au Centre de stockage de la Manche, nous avons mis en place la couverture la plus adaptée et durable dans la perspective d’une surveillance d’au moins 300 ans. Toutefois, nous n’en restons pas là et menons des études pour anticiper et évaluer les phénomènes de vieillissement qui pourraient survenir.  »

Albert Marchiol, en charge des études sur la couverture du stockage du CSM

La membrane, une pièce maîtresse

Contrôle météorologique

Avec son haut degré d’étanchéité et sa capacité à s’adapter aux éventuels mouvements du terrain, la membrane bitumineuse est une pièce maîtresse de la couverture du CSM. Les techniciens de l’Andra observent la manière dont elle évolue dans le temps. Elle fait l’objet de campagnes de prélèvements et d’analyses spécifiques prévues tous les cinq à dix ans. La dernière campagne de prélèvement a eu lieu en août 2018. Les résultats de cette campagne attestent du bon comportement et de l’absence de signes de vieillissement de la membrane bitumineuse. En parallèle, des recherches concernant son évolution sur le très long terme sont également menées en collaboration avec des laboratoires et des instituts universitaires tels Subatech (Institut national de physique nucléaire) ou l’IRSTEA (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture).

Enfin, une soixantaine de piézomètres (petits forages) situés à l’intérieur et à l’extérieur du site permettent de prélever l’eau souterraine en différents points et d’analyser la qualité et le comportement (niveau, écoulement) de la nappe phréatique située sous le centre. Des prélèvements sont également pratiqués en aval du centre dans les ruisseaux de la Sainte-Hélène, du Grand Bel et des Roteures.

 

Un cas d'école pour les experts internationaux

Précurseur, le Centre de stockage de la Manche suscite l’intérêt de la communauté scientifique mondiale. Dans les premiers sites de stockage de déchets radioactifs au monde lors de sa création, le CSM demeure actuellement l’unique exemple de centre en phase de fermeture. Le centre ouvre régulièrement ses portes aux exploitants et aux experts internationaux pour des visites, des formations, des rencontres. En 2019, il a accueilli le séminaire européen sur les couvertures et le colloque de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur la préfermeture d’un centre de stockage.

Suivi et calcul d’impact

Prélèvement d’eau

Une fois prélevée, l’eau est envoyée pour analyse vers le laboratoire du Centre de stockage de l’Andra dans l’Aube pour les analyses radiologiques et vers un laboratoire extérieur pour les analyses physico-chimiques. Les résultats constituent des indicateurs globaux qui, obtenus chaque semaine, permettent une réaction rapide de l’Agence si un changement est constaté. D’autres analyses plus fines sont conduites tous les semestres pour détecter d’éventuels phénomènes à plus long terme. Les données sont communiquées et contrôlées tous les mois à l’ASN et mises à disposition du public sur le site du réseau national des mesures de la radioactivité de l’environnement (www.mesure-radioactivité.fr).

À partir des résultats semestriels, l’Andra calcule également l’impact du centre sur l’Homme et son environnement. Ce calcul d’impact est déterminé à partir d’un « groupe de référence » fictif qui habiterait le hameau de la Fosse, situé à quelques kilomètres du CSM, à proximité de la jonction entre le ruisseau de la Sainte-Hélène et des Roteures. Le calcul prend en compte l’hypothèse que ce groupe consommerait en majorité des aliments produits dans le hameau (viande, produits laitiers, œufs, légumes et fruits) et ne boirait que de l’eau de la Sainte-Hélène. Ainsi, l’impact, c’est-à-dire la dose reçue sur l’année par ce groupe, serait de l’ordre de 0,00016 millisievert, soit plus de 1 000 fois inférieur à l’impact de la radioactivité naturelle.

 

« Précurseur, le Centre de stockage de la Manche suscite l’intérêt de la communauté scientifique mondiale. Dans les premiers sites de stockage de déchets radioactifs au monde lors de sa création, le CSM demeure actuellement l’unique exemple de centre en phase de fermeture. Le centre ouvre régulièrement ses portes aux exploitants et aux experts internationaux pour des visites, des formations, des rencontres. En 2019, il a accueilli le séminaire européen sur les couvertures et le colloque de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur la préfermeture d’un centre de stockage. »

Isabelle Deniau, chargée d’affaires en surveillance de l’environnement au CSM

Des expertises indépendantes

Parallèlement, la commission locale d’information (Cli) a fait mener des études par des laboratoires indépendants. Créée en 2008, cette instance composée d’élus locaux, d’associations de protection de l’environnement, d’experts du monde scientifique et économique et de riverains, est chargée d’informer le grand public des activités de l’Andra dans la Manche et d’assurer un suivi permanent de l’impact des installations du centre. Elle se réunit deux fois par an et ses assemblées générales sont ouvertes au public.

Démontrer le très faible impact du centre sur l’Homme et l’environnement

La surveillance du CSM, c’est aussi près de 10 000 analyses par an sur l’air, les eaux, les végétaux. Objectif : détecter la moindre anomalie grâce à un dispositif très rigoureux, évaluer et s’assurer que l’impact du centre sur l’Homme et son environnement demeure très faible.

Surveiller la qualité de l’air et de l’eau

Surveillance de l'eau

Surveiller la qualité de l’air ambiant est essentiel pour suivre les changements atmosphériques, détecter la présence de radioéléments. Capté au niveau de la station atmosphérique située au-dessus de la couverture, l’air est ainsi quotidiennement analysé. Les résultats des mesures sont transmis au réseau national de mesures de la radioactivité et de l’environnement (RNME) et sont accessibles sur le site : www.mesure-radioactivité.fr.

Autre cible de la surveillance de l’environnement : l’eau. Toute eau qui circule sur le centre doit faire l’objet d’un contrôle avant son rejet dans l’environnement. Elle est donc collectée et analysée à tous les points de son parcours sur le centre et dans ses alentours. Chaque semaine, les eaux pluviales qui ruissellent sur les pentes du centre ou s’infiltrent dans la partie supérieure de la couverture sont recueillies et analysées grâce à différents systèmes de collecte, qui permettent de distinguer les eaux qui circulent à la surface, de celles qui sont drainées et sont collectées au-dessus et en dessous de la membrane.