Aller au contenu principal

Curium : spécialiste des « radiopharmaceutiques »

Sur son site de Nancy comme sur ses 11 autres sites français, Curium PET France produit des médicaments radiopharmaceutiques à visée diagnostique, livrés quotidiennement aux services de médecine nucléaire du Grand Est. Une activité essentielle qui demande des équipements et des mesures de radioprotection très spécifiques. 

Utilisation de produits radioactifs dans un laboratoire pharmaceutique

Situé au cœur du centre hospitalier de Nancy Brabois, entre le bâtiment principal et l’Institut de cancérologie de Lorraine, le bâtiment occupé par Curium PET France(1) passe inaperçu par la plupart des patients et visiteurs. Pourtant, à l’intérieur, se trouve, sur près de 400 m2, une chaîne de production miniature dédiée à l’élaboration de radiopharmaceutiques utilisés pour diagnostiquer cancers et maladies neurodégénératives dans les services de médecine nucléaire de la région. 

« Nous produisons uniquement des radiopharmaceutiques à base de fluor 18, un radioélément qui a une demi-vie ou période radioactive(2) de deux heures. Chacun des 12 sites de notre entreprise produit donc pour les hôpitaux et autres établissements de santé à l’échelle locale, puisqu’au-delà de quatre heures d’expédition, le produit que l’on injecte au patient n’a plus la radioactivité nécessaire pour identifier les potentielles tumeurs à l’aide d’un équipement d’imagerie médicale adapté, le tomographe par émission de positons ou TEP scan », explique Anaïs Turck, pharmacien délégué sur le site de Nancy. 

Impossible donc de faire du stock en prévision. Ici, chaque jour, les six techniciens et deux pharmaciens élaborent une centaine de doses en fonction des commandes passées pour les examens d’imagerie du jour, puis les expédient aux services de médecine nucléaire de Nancy, Strasbourg, Metz, Maxéville, Epinal, Mulhouse ou encore Haguenau. 

L’effet cyclotron

Bien qu’équipés de pharmacies internes spécifiques pour préparer des radiopharmaceutiques, les services de médecine nucléaire ne disposent pas de cyclotron, un type d’accélérateur de particules. Or cet équipement est indispensable pour produire du fluor 18. Et son utilisation requiert des installations et des mesures de radioprotection particulières. 

Dans le bâtiment de Curium à Nancy, le cyclotron est ainsi enfermé entre des murs de 2 mètres de largeur. Car cet accélérateur de particules produit une réaction nucléaire qui transforme des éléments stables en radioéléments ou radio-­isotopes. « En fonction des radiopharmaceutiques à produire, il faut entre 20 minutes et une heure et demie pour faire ce qu’on appelle la synthèse. Après quoi le produit arrive dans une “enceinte de répartition” où les techniciens répartissent dans des flacons de 15 ml les quantités commandées par les établissements, raconte Anaïs Turck. Pour ce faire, ils se placent derrière une vitre au verre plombé et utilisent des pinces de télémanipulation. » 

Et les mesures de radioprotection prises sur le site de Curium ne se cantonnent pas à la production. Car les diverses opérations occasionnent des déchets radioactifs qui doivent être gérés en fonction de la radioactivité qu’ils contiennent. On trouve donc des récipients dédiés qui contiennent des déchets à vie très courte (VTC), principalement les gants utilisés pour les contrôles qualité des produits, entreposés 48 h dans des locaux spécifiques pour assurer la décroissance de la radioactivité du fluor 18 avant de les évacuer. D’autres récipients dédiés permettent de gérer en décroissance durant 24 mois des pièces plastiques en contact avec les produits lors de la synthèse et contenant plusieurs radioéléments. 

Enfin, des fûts spécifiques contenant des déchets de très faible activité (TFA), solides pour les uns et liquides pour les autres, sont pris en charge par ­l’Andra. Car le cyclotron émet une telle intensité d’énergie qu’il active d’autres éléments dont la période de radioactivité est supérieure à celle du fluor 18. « Ainsi lorsque le fluor sort du cyclotron, il n’est pas complètement pur et passe par différentes cartouches de filtration où sont retenues les impuretés, précise Anaïs Turck. Ce sont notamment ces cartouches que ­l’Andra collecte et gère pour nous. » 

 

(1)Curium PET France est membre du groupe international Curium
(2)Temps nécessaire pour que la moitié des atomes d’une substance radioactive se désintègrent naturellement

Retrouvez notre dossier complet - Médecine et radioactivité : tout ce qu’il faut savoir