Des inventaires en forêt pied à pied
Depuis le début de l’année 2020, les équipes de la Société Forestière sous l’égide de CDC Biodiversité, toutes deux filiales de la Caisse des Dépôts, effectuent un travail d’inventaire sur 3 sites forestiers. On vous en dit plus.
Dans son dossier de Demande d’utilité publique (DUP), l’Andra a estimé la dette écologique liée aux incidences du projet sur le milieu naturel, qui ne peuvent être ni évitées, ni totalement réduites. Pour compenser ces effets résiduels pouvant mener à une perte nette de biodiversité, l’Andra doit mettre en place des mesures compensatoires consistant à améliorer la valeur écologique de sites naturels.
L’une des incidences du projet est liée à la création de la zone puits, sur une zone essentiellement boisée, le bois Lejuc. Ceci va créer une dette écologique qui sera compensée en recherchant une équivalence sur deux massifs forestiers, propriété de l’Andra : le bois de Ruère situé sur les communes de Bonnet, Horville-en-Ornois et Gondrecourt–le-Château et celui de la Vigne Chardon à Prez-sous-Lafauche.
Qu’est que la Société forestière ? Cette société anonyme à conseil d'administration créée en 1966, est un important gestionnaire sylvicole de France avec 300 000 ha appartenant à des propriétaires privés, notamment institutionnel mais aussi particuliers et groupements forestiers familiaux. Il s’agit d’une filiale privée de la Caisse des Dépôts, institution financière publique française.
Comment sont réalisés ces inventaires pied par pied ?
Le rôle de l’inventaire est d’attribuer aux arbres présentant un intérêt pour la biodiversité une note écologique selon 4 critères : intérêt pour les oiseaux, les chiroptères, les insectes et une note écologique globale. « Ensuite je fais comme le Guide Michelin, je donne des étoiles après avoir analysé et renseigné plus de 20 critères sur chaque arbre ! » préçise l’expert forestier chez Forêts Durables Expertise. Une fois la note attribuée, l’arbre qui présente un intérêt est mesuré, numéroté, photographié puis géolocalisé.
Ainsi plusieurs arbres ayant un intérêt écologique ont été recensés au bois Lejuc. La question sera donc de savoir si les sites de compensation forestière de Ruère et de la Vigne Chardon compenseraient la perte de ces arbres.
Le rôle de l’inventaire est également de déterminer une valeur économique des arbres. Ainsi entre 2 arbres ayant le même intérêt écologique, la Société Forestière et CDC Biodiversité vont conseiller de conserver celui qui a la plus faible valeur économique.
Même un arbre mort en décomposition, le sera pendant plusieurs dizaines d’années et permettra le développement de nombreuses espèces.
Et chaque détail compte, puisqu’un arbre qui cicatrise ou présente un trou de Pic va permettre à plusieurs animaux de s’abriter pour l’hiver, à distance des prédateurs.
Pour compléter ce travail, le diamètre des arbres ayant un intérêt écologique est mesuré, leur hauteur estimée et leur essence recensée. « Sur les 3 sites forestiers, nous allons retrouver majoritairement des chênes sessile, hêtres, érables sycomore et champêtre, merisiers, charmes et trembles », souligne l’expert forestier.
Un travail de longue haleine
Débutés en janvier 2020, ces travaux qui se répartissent sur les 3 sites forestiers, ont dû être interrompus à cause de la crise sanitaire et n’ont pu reprendre qu’à partir du 26 octobre. « Il n’est pas possible de réaliser des inventaires à la belle saison car la biodiversité est généralement en hauteur et avec les feuilles on risque de rater beaucoup de choses intéressantes dans le houppier des arbres » explique l’expert forestier en charge du dossier.
Au total 130 jours d’inventaires ont été nécessaires sur les 3 sites ainsi que 30 jours supplémentaires pour la notation. « Mission très intéressante qui est avant tout un travail d’équipe nécessitant de la méthode et de l’observation, nous avons désormais beaucoup de données à traiter sur plus de 3 600 arbres, avec un important travail d’analyse, pour proposer un projet de compensation cohérent ».
En savoir plus sur CDC Biodiversité : Créée en 2007, CDC Biodiversité a pour mission de concilier biodiversité et développement économique au service de l’intérêt général. Elle imagine et propose des solutions économiques, écologiques et financières pour mettre en œuvre des actions concrètes de restauration de la biodiversité, dont elle peut assurer la gestion sur le long terme. Pionnière en matière de compensation écologique, elle développe également des innovations adaptées aux besoins des acteurs et aménageurs publics et privés, qui privilégient les solutions fondées sur la nature.