Gestion des déchets radioactifs au Canada : les projets de stockage avancent
L’année 2024 a marqué un tournant dans la gestion des déchets radioactifs au Canada. Deux projets de stockage ont en effet franchi des étapes importantes. Point d’avancement.
Le saviez-vous ? C’est au nord de la province canadienne de Saskatchewan, connue pour ses milliers de lacs et de rivières, qu’une partie de la production d’énergie nucléaire à travers le globe trouve sa source. De la mine d’uranium de McArthur River, l’une des plus importantes au monde, est extrait le minerai qui sert à produire le combustible nucléaire utilisé dans les réacteurs.
L’exploitation des mines d’uranium fait partie de longue date de l’histoire du Canada, tout comme la recherche et le développement des technologies nucléaires. Depuis le début des années 1960, le pays utilise d’ailleurs l’énergie nucléaire pour la production d’électricité. Aujourd’hui, quatre centrales situées dans l’Ontario et au Nouveau-Brunswick abritent 17 réacteurs nucléaires en fonctionnement.
L’ensemble de ces activités produit des déchets radioactifs qui doivent être pris en charge spécifiquement. Le Canada les classe en quatre catégories. Les deux premières (déchets de faible activité et déchets de moyenne activité) concernent essentiellement le fonctionnement des réacteurs nucléaires. Les déchets de haute activité sont constitués principalement de combustible nucléaire usé, qui n’est pas retraité au Canada, contrairement à la France. Enfin, les déchets issus des mines et des usines de concentration d’uranium forment la quatrième catégorie.
Entreposages temporaires

À l’heure actuelle, aucune installation de stockage définitive n’est en service pour permettre la gestion à long terme des déchets radioactifs. Seuls des entreposages temporaires, bien souvent situés au niveau des centrales, permettent de gérer les déchets radioactifs en attendant la mise en place des projets de stockage définitifs pour les différentes catégories de déchets.
Différents projets de stockage définitifs sont ainsi envisagés. En 2007, l’adoption par le gouvernement canadien du plan de gestion à long terme des combustibles nucléaires usés marque une étape importante : la décision est prise de stocker ces déchets radioactifs en grande profondeur et la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) se voit confier la mission de mettre en œuvre le projet (voir ci-après).
Plus récemment, la Stratégie intégrée pour les déchets radioactifs, adoptée par le gouvernement canadien en octobre 2023, est venue compléter le dispositif. Deux recommandations fondamentales y sont formulées :
- Stocker les déchets radioactifs de moyenne et de haute activité (autres que les combustibles usés) dans un stockage géologique profond. Sa mise en œuvre serait assurée par la SGDN.
- Stocker les déchets de faible activité dans plusieurs installations près de la surface. Sa mise en œuvre serait assurée par les producteurs et les propriétaires des déchets radioactifs en question.
Stockage en subsurface pour les déchets de faible activité

À Chalk River, au nord-ouest d’Ottawa, un premier projet de stockage en subsurface porté par les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC), filiale de l’organisme public de recherche Énergie atomique du Canada limitée (EACL)(1), cible les déchets de faible activité (équipements de protection individuelle, matériaux de construction contaminés, etc.). La plupart proviendront des activités de recherche du site des laboratoires nucléaires de Chalk River. Environ 10 % du volume de déchets stockés proviendront d’autres sites appartenant à l’EACL, d’hôpitaux ou d’universités canadiennes. Au total, l’installation pourrait permettre de stocker jusqu’à 1 million de m3 de déchets radioactifs de faible activité. En janvier 2024, la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a donné son feu vert pour la construction de cette installation, dite « Installation de gestion des déchets radioactifs de faible activité près de la surface » (IGDPS).
(1)Organisme en charge notamment de la gestion des déchets radioactifs historiques du Canada.
Stockage en grande profondeur pour le combustible nucléaire usé
Un autre projet concerne le stockage géologique profond de déchets de haute activité, porté par la SGDN. L’installation est prévue à plus de 500 mètres de profondeur et stockera l’ensemble des combustibles nucléaires usés du pays. Ils seront conditionnés au préalable dans des conteneurs en acier. Un processus de sélection en plusieurs étapes a permis, fin 2019, de retenir deux sites situés en Ontario sur des critères socio-économiques et géologiques. Parallèlement aux études d’impact environnemental et de sûreté, la SGDN a ensuite mené une large démarche de concertation avec les populations locales. En novembre 2024, elle a finalement retenu une formation rocheuse dans le nord-ouest de l’Ontario pour y implanter l’installation. Les résidents du canton d’Ignace et les populations autochtones de Wabigoon Lake ont confirmé qu’ils consentaient à passer à l’étape suivante en vue d’accueillir le projet. Sous réserve des autorisations de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) et de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, la SGDN envisage la construction du stockage vers 2033, puis le démarrage de l’exploitation au début des années 2040.
La SGDN et l’Andra renouvellent leur accord de coopération
En 2023, l’Andra et la SGDN ont renouvelé leur accord de coopération pour cinq ans. Fondée sur l’ambition commune de protéger les générations actuelles et futures des déchets radioactifs, dans le respect de l’environnement et des communautés d’accueil de leurs projets, la collaboration entre les deux organismes couvre un large ensemble de thématiques : recherche & développement, procédés technologiques, démarche de sûreté, mais également industrialisation des projets et communication avec le public.
