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À la recherche des oiseaux nicheurs

­L’Andra mène une surveillance régulière de la faune et de la flore présentes sur et autour du Centre de stockage de la Manche. À la manœuvre, des experts des différents groupes biologiques chargés d’identifier et de répertorier les espèces. Rencontre avec un « fauniste » à l’affût des oiseaux nicheurs dans le cadre de la nouvelle campagne d’inventaire.

Une mise à jour nécessaire de l’étude d’impact

Bouvreuil pivoine

Le dernier inventaire réalisé sur le site datant de 2017-2018, ­l’Andra a fait appel à l’expertise de Biotope, une société spécialisée dans les études environnementales, pour réactualiser les données. Lancée en mars 2022, la campagne d’observations in situ concernant la faune s'est achevée en fin d'année et un rapport sera remis au printemps 2023. Ce rapport alimentera l’étude d’impact du CSM.

 

Une feuille de route pour l’expert

En amont de sa mission, Yann Carasco, chargé d’étude et spécialiste de la faune, a d’abord pris connaissance des attentes de ­l’Andra : la zone à prospecter (aire d’étude), le calendrier prévisionnel (échéances, nombre et nature des interventions), les thématiques à étudier, ainsi que les conditions d’accès au site. À son programme, l’observation de nombreuses espèces : oiseaux, insectes, amphibiens, reptiles et mammifères, à l’exception des chauves-souris dont il n’est pas spécialiste et qui sont étudiées par un de ses collègues. « Une fois que je suis en possession de cette base de travail, je suis autonome pour gérer mes sorties sur le terrain. J’affine leur objectif et leur périodicité en fonction des espèces à rechercher », explique Yann Carasco. 

De la méthode pour observer les espèces…

Bruant jaune

Au printemps, Yann a réalisé le relevé des oiseaux nicheurs qui se reproduisent dans le périmètre d’étude selon un protocole bien établi. Avant la sortie, effectuée en début de matinée (lorsque les oiseaux chantent le plus), Yann détermine et positionne sur la carte des « points d’écoute  » : des lieux précis où il s’arrêtera pendant 10 minutes pour dénombrer les oiseaux repérés à l’œil nu et à l’oreille. Ses outils indispensables : les jumelles et une tablette numérique avec système GPS, qui lui sert également à saisir les données. Le positionnement des points ne laisse rien au hasard : une répartition permettant de couvrir la zone d’étude et les différents types de milieux (notamment le bois et la lande à proximité du CSM), des endroits accessibles et suffisamment éloignés les uns des autres pour éviter de biaiser les résultats. 

C’est quoi, une espèce remarquable ?

C’est une espèce protégée ou concernée par une réglementation européenne, nationale ou régionale (comme le hérisson d’Europe, la totalité des amphibiens, de nombreux oiseaux, les chauves-souris). Cela peut être aussi une espèce rare ou menacée, dite patrimoniale, qui n’est pas forcément protégée.

…et pour effectuer les relevés

Le recueil d’informations est très normé : localisation, date du relevé, nom du taxon(1), effectifs. Pour cette indication, une codification bien spécifique :  les chanteurs, les couples, les familles ou les oiseaux qui transportent de la nourriture sont comptabilisés comme un couple nicheur, tandis qu’un oiseau seul potentiellement nicheur sans comportement de ce type compte pour 0,5 couple nicheur. « Grâce à cette méthode standardisée, on peut identifier un peuplement sur un milieu précis et en reproduisant l’échantillonnage dans les mêmes conditions, comparer les données et suivre leur évolution. »

(1) Groupe d’individus qui possèdent en commun les mêmes caractéristiques (le taxon utilisé est en général l’espèce mais parfois aussi un niveau supérieur comme le genre ou la famille, ou inférieur comme la sous-espèce).

Dernière étape : analyser les données et présenter le diagnostic

Pipit farlouse

Une fois les études de terrain terminées, Yann pourra s’atteler à l’analyse des données de terrain, stockées sur un serveur après chaque sortie, et à la rédaction du rapport transmis à ­l’Andra. « Ce document comportera les résultats de l’étude (diagnostic), l’exposé détaillé des méthodes mises en œuvre pour les obtenir et des données cartographiques associées », détaille-t-il. Particularité du diagnostic : l’accent y est mis sur les espèces dites « remarquables » (protégées, règlementées, rares ou menacées). Les autres sont évoquées de manière plus globale car elles ne nécessitent pas une prise en compte particulière à l’échelle du projet, et la liste d’espèces complète est donnée en annexe(2). À côté des données brutes, l’expert signalera également les points de vigilance concernant telle ou telle espèce. « Une fois croisées avec les caractéristiques des futurs projets, ces informations permettront de mettre en place des stratégies pour éviter les impacts potentiels, les réduire ou les compenser. »

(2) Les espèces non remarquables sont prises en compte à l’échelle des communautés d’espèces, en lien avec la préservation du milieu où elles vivent, et non individuellement.

 

Ils peuplent aussi le site de ­l’Andra

Le grand corbeau, rare en Normandie, qui trouve sa nourriture à proximité du centre et niche dans les falaises du littoral.

7 espèces d’amphibiens, dont plusieurs sont menacées en Normandie : la salamandre tachetée dans les mares et les ornières, le triton alpestre et l’alyte accoucheur.