Laboratoire souterrain : un nouvel alvéole HA a été creusé
Depuis le 18 novembre 2025, un trente-troisième démonstrateur d’alvéole de stockage HA a été creusé dans le Laboratoire souterrain. L’objectif : se rapprocher pas à pas de la configuration finale des galeries du quartier pilote de Cigéo.
Le 18 novembre 2025, un chantier important a débuté et pour cinq semaines au Laboratoire souterrain : celui du creusement de l’alvéole HAR6002 dans la galerie GER2. Cet alvéole de 80 m de long fait partie d’un ensemble de trois démonstrateurs destinés à reproduire les futurs alvéoles de déchets de haute activité (HA) du quartier pilote de Cigéo.
« HAR veut dire Haute Activité Représentatif, rappelle Frédéric Bumbieler, pilote des alvéoles HA. L’objectif est de créer des ouvrages vraiment fidèles à ceux du quartier pilote, pour vérifier la faisabilité et valider nos choix de conception. »
Un creusement avec une trajectoire la plus rectiligne possible
HAR6002 est creusé à l’aide d’un microtunnelier spécialement adapté, à la fois à l’ouvrage à réaliser et à l’architecture ainsi qu’aux contraintes du Laboratoire souterrain.
« Le pilotage de la machine et le suivi du creusement sont réalisés en temps réel depuis la galerie. La vitesse moyenne de creusement est de 1,45 mètre linéaire par heure », explique Anthony Garnier, chargé d’affaires du contrat avec CSM Bessac. « Il est essentiel de maintenir les mêmes paramètres de guidage tout au long du creusement. Quant aux déblais, ils sont évacués en tête d’alvéole par les tarières. »
Une fois le tunnel de 902 mm de diamètre foré, les équipes de CSM Bessac insèrent des tubages métalliques de 2,5 mètres de long et de 30 pouces de diamètre (762 mm), également appelés chemises, qui sont emboîtés et jointés entre eux pour cet alvéole. « C’est un système robuste et rapide à mettre en œuvre », précise Anthony Garnier.
Ce chemisage est nécessaire pour soutenir les parois du microtunnel — de manière similaire aux tubages utilisés dans les forages — afin de permettre l’insertion des colis HA prévus dans Cigéo. Ensuite, un coulis à base cimentaire est injecté dans l’espace entre la chemise et la roche. « Cela permet de remplir complètement le vide annulaire et de limiter la corrosion du chemisage métallique », explique Anthony Garnier.
Avec cette nouvelle réalisation, le Laboratoire compte désormais 33 alvéoles HA creusés, représentant un linéaire total de plus de 1500 m.
Un démonstrateur très proche de ce qui sera construit à Cigéo
HAR6002 reprend les dimensions prévues pour les alvéoles de stockage des colis HA du quartier pilote de Cigéo, à une nuance près : la galerie hôte mesure ici environ 6 m de diamètre, contre environ 10 m dans la configuration future. « Cela fait que l’entrée de l’alvéole est situé à un mètre de haut, alors qu’elle sera à 3 m dans le quartier pilote », précise Frédéric Bumbieler.
La tête d’alvéole d’HAR6002 accueillera un dispositif d’inertage, permettant d’abaisser la teneur en oxygène à environ 1 %. « En injectant de l’azote jusqu’au fond de l’alvéole pour chasser l’oxygène, cela permet de limiter la corrosion et d’éviter l’apparition d’une atmosphère potentiellement explosive (ratio entre oxygène et hydrogène) », explique-t-il.
Une instrumentation renforcée pour mieux comprendre le comportement des alvéoles
Contrairement à son quasi-jumeau HAR6001, réalisé il y a un an, la nouveauté majeure d’HAR6002 tient dans le fait qu’il sera chauffé : des sondes installées tout au long de l’alvéole dans le chemisage permettront de reproduire la température dégagée par les colis HA du quartier pilote, autour de 50 °C.
« HAR6002 ressemble trait pour trait à HAR6001 mais est en revanche plus instrumenté, notamment sur la face externe du chemisage », souligne Frédéric Bumbieler.
Les capteurs installés permettront de suivre :
l’évolution du coulis d’injection et sa teneur en eau ;
la déformation mécanique de l’alvéole liée à la pression naturelle de la roche ;
la propagation de la chaleur dans la roche ;
la corrosion des chemises, qui seront pesées avant et après l’expérience ;
« En comparant les données émanant de HAR6001 et HAR6002, on aspire à mieux comprendre le comportement global d’un alvéole HA : la partie thermique, la partie mécanique, l’évolution du matériau injecté, mais aussi les échanges de gaz entre l’alvéole et l’extérieur », résume-t-il.
Avec HAR6002, le Laboratoire poursuit ainsi la construction d’ouvrages représentatifs et enrichit son retour d’expérience, en se rapprochant encore un peu plus des conditions qui prévaudront dans le quartier pilote de Cigéo.
La barre des 1 500 m largement dépassée
Avec la réalisation du précédent alvéole HA, les équipes de l’Andra avaient pu dépasser le seuil symbolique des 1 500 m de galeries creusées dans l’argilite du Laboratoire souterrain. Prochain objectif : la barre des 2 000 m.
Les chiffres clés
L’opération dure une trentaine de jours.
Le microtunnelier progresse à une vitesse moyenne de 1,5 mètre linéaire par heure.
Retirer toutes les tarières de marinage à la fin du creusement est un processus qui demande une vingtaine d’heures.
Emboîtées puis jointées les unes aux autres à l’entrée de l’alvéole, les chemises sont ensuite insérées et poussées jusqu’à atteindre le fond de l’alvéole. Il faut 1,5 jour pour réaliser l’intégralité du processus.
C’est d’ailleurs, le temps également nécessaire pour injecter le coulis cimentaire afin de combler l’espace vide entre la chemise et la roche.
HAR6002 est le 33e alvéole HA construit.