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Le projet Cigéo soumis au vote de parlementaires fictifs

Participer à une expérience citoyenne et coopérative dans le cadre d’une session parlementaire fictive : c’est ce que propose le temps d’une soirée le concept Déb’Acteur. En juin dernier, Cigéo, le projet de stockage géologique des déchets les plus radioactifs, était soumis au vote. Retour sur cet événement avec son créateur, Thomas Pittau.

Pouvez-vous vous présenter et nous raconter en quelques mots votre parcours ?

Thomas Pittau : Je suis un strasbourgeois d'origine qui vit aujourd'hui à Paris. J’ai d'un côté un parcours classique avec une école de commerce (BSB Dijon) et un pied dans l'entreprise en tant que commercial ; et de l'autre un parcours atypique avec un déclencheur : Nuit Debout, en 2016, et la naissance d'une envie : celle de lutter contre l'indifférence politique.


En quoi consiste le concept Déb’Acteur ?

T.P. : Déb'Acteur, c'est le nom donné au projet et au format. Il consiste à jouer le rôle de député.e pendant quelques heures (2 à 3 heures) lors d’une session parlementaire fictive. Des caricatures de partis politiques (écologiste, libéral, conservateur et socialiste) permettent de former des équipes. La subtilité du format réside dans le fait que la répartition est aléatoire, aucun participant ne choisit les idées défendues. Chaque évènement porte sur un thème spécifique et l'objectif des participants et d'arriver à voter une loi à la fin, en alternant des séquences en équipe, plénière et inter-équipe.


Comment vous est venue l’idée de créer Déb’Acteur ?

T.P. : D'un côté, des formats similaires existent, mais sont réservés aux grandes écoles, là où la politique devrait nous revenir collectivement. De l'autre, le constat que l'indifférence politique grandit (la croissance de l'abstention en est le plus grand témoin). En prenant le temps de ressasser ces éléments, l'idée d'un jeu « grand public » est née pour permettre à toutes et à tous de devenir acteur.rice du débat. En démocratie, nous sommes toutes et tous légitimes et nous avons toutes et tous notre mot à dire.


Pourquoi avoir choisi d’aborder le sujet de la gestion des déchets radioactifs ?

T.P. : L'énergie nucléaire, par sa vertu « bas carbone », représente un atout de poids dans la lutte contre le réchauffement climatique. La question des déchets est très souvent un argument par les détracteurs de cette énergie, mais qu'en est-il vraiment ? C'est pour donner les moyens aux citoyens de répondre à cette question que j'ai voulu aborder ce sujet.

Comment s’est déroulée la session parlementaire fictive organisée sur le projet Cigéo ?

T.P. : Le projet Cigéo a été soumis à débat dans le cadre d’un scénario de politique fiction. Concrètement, lors de la session parlementaire, quatre équipes représentaient les différents partis politiques (écologiste – au pouvoir –, libéral, conservateur et socialiste) avec pour chacun une position à défendre. Les différentes équipes ont pris 1h pour réfléchir à leurs arguments et 1h pour échanger avec les autres équipes, dans la bienveillance et la curiosité, avant de réfléchir sur des aménagements possibles et de procéder à un vote.


Qu’avez-vous retenu de cette session ?

T.P. : C’est la preuve qu'en plaçant des citoyens lambda dans un cadre approprié, ils sont capables d'arriver à une prise de décision en s'intéressant à un sujet jugé complexe. Même si appréhender complètement un tel sujet demanderait bien sûr beaucoup plus de temps.


Quelles ont été les réactions des participants suite à l’événement ?

T.P. :  Pour tous les nouveaux participants, le format est une découverte positive avec des apports pédagogiques jugés de qualité. Beaucoup avaient un parti pris sur cette question et la plupart ont adapté leur position car au final « du débat naissent les idées ».


Selon vous, que peut apporter cette expérience citoyenne au débat public ?

T.P. :  Mon objectif est de donner une nouvelle dimension à la politique, d'en faire une instance de socialisation, comme peut l'être le travail ou l'école. Un lieu d'échanges, de rencontres, de découvertes autour de la prise de décision sur les règles de vie commune à la Cité : le bien commun, des liens qui nous relient toutes et tous et pour lesquels, encore une fois, nous avons toutes et tous notre mot à dire.

 

Pour en savoir plus sur Déb'Acteur