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Stockage profond HA/MA-VL : le projet se précise

Fin 2009, l’Andra a remis au Gouvernement un point d’avancement scientifique et technique présentant les grandes options étudiées pour le centre de stockage profond qui pourrait accueillir, à l’horizon 2025, les déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue (HA/MA-VL). Après deux décennies d’études et de recherches, le stockage réversible profond est la solution choisie par la France pour assurer la gestion à long terme de ce type de déchets. Retour sur le contexte et les enjeux de cet ambitieux projet.

 

L’Andra organise régulièrement des visites de l’Espace technologique pour expliquer le projet au public.

Le défi est de taille. Il s’agit en effet de mettre en œuvre une solution de gestion pérenne pour confiner pendant plusieurs centaines de milliers d’années la radioactivité contenue dans les déchets les plus radioactifs issus principalement de la production électro nucléaire française. Rien que ça !

 

À l’origine du projet, la loi Bataille de 1991

Première loi à fixer les grandes orientations relatives aux études et recherches sur la gestion des déchets radioactifs de haute activité à vie longue en France, la loi Bataille missionne l’Andra pour évaluer la faisabilité du stockage des déchets dans des couches géologiques profondes. Pour mener à bien ces recherches, l’Agence a notamment créé un Laboratoire souterrain en Meuse/Haute-Marne.

Depuis le début des années 2000, les scientifiques y étudient une couche argileuse située à environ 500 mètres de profondeur dont les caractéristiques permettent la réalisation d’un stockage (lire “les clés pour comprendre”).

 

L’étude d’une couche géologique favorable

Les premiers programmes de recherche menés dans le Laboratoire souterrain visent à connaître les caractéristiques de cette roche et à étudier son aptitude à accueillir un stockage.

 

2006 : la faisabilité du stockage est confirmée

Dans un premier rapport, remis au Gouvernement en 2005, l’Andra montre que le stockage est réalisable, qu’il est possible de garantir sa sûreté sur un million d’années, et propose de le construire et l’exploiter. Elle définit autour du Laboratoire souterrain une zone de 250km2 susceptible d’accueillir le stockage.

 Entre 2005 et 2006, l’Andra explique sa position à l’occasion d’un débat public organisé dans plusieurs grandes villes de France et accueille experts et commissions pour auditer ses études. À l’issue de ce débat et de l’évaluation favorable du rapport de l’Andra, une nouvelle loi est votée par le Parlement le 28 juin 2006*. Elle demande la poursuite des recherches sur trois axes : le premier, sur la séparation-transmutation des radioéléments, est confié au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ; les deux autres, sur l’entreposage et le stockage profond, sont menés par l’Andra.

Cette loi entérine, en outre, le choix du stockage réversible profond comme solution de référence pour la gestion à long terme des déchets HA et MA-VL en France. Elle fixe un calendrier à l’Andra qui doit notamment préparer la demande d’autorisation de création du centre de stockage (DAC), pour permettre son instruction en 2015, en vue de sa mise en exploitation en 2025.

Avant le dépôt du DAC, un débat public sera organisé dès 2013. En 2016, une nouvelle loi viendra préciser les conditions de la réversibilité du stockage puis une enquête publique portant sur le projet finalisé aura lieu.

* La loi de programme n°2006-739 du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs régit les activités de l’Andra

 

De la théorie à la pratique

Jean-Paul Baillet, directeur général adjoint de l’Andra et directeur du Centre de Meuse/Haute-Marne.

"Les recherches menées jusqu’en 2005 portaient sur des thématiques scientifiques. Il faut maintenant affiner les connaissances scientifiques, préciser les concepts et se mettre dans la position d’un industriel prêt à construire l’installation, explique Jean-Paul Baillet, directeur général adjoint de l’Andra et directeur du Centre de Meuse/Haute-Marne. C’est une position un peu particulière puisque nous devons d’un côté, préparer la demande d’autorisation et, de l’autre, faire comme si elle allait être acceptée pour être prêts le cas échéant. Le dossier remis fin 2009 détaille ainsi les grandes options de conception, de sûreté et de réversibilité du stockage. Il réduit en outre la zone initiale de 250 km2 à une « zone d’intérêt pour la reconnaissance approfondie" (Zira) de 30km2, pour y étudier une implantation industrielle du stockage.”

Cette proposition de zone restreinte répond à des critères de sûreté scientifiques et techniques tenant compte des attentes et des remarques exprimées par les acteurs locaux (élus, Clis, chambres consulaires). L’Andra a également identifié des zones susceptibles d’accueillir les installations de surface, toujours en lien avec les attentes des acteurs locaux.

 

Et maintenant ?

L’Andra va poursuivre ses essais technologiques et ses expérimentations scientifiques pour finaliser la conception de la future installation, des colis et des conteneurs de stockage, ainsi que celle des machines qui vont les transporter et les installer dans les alvéoles de stockage. Outre les aspects purement technologiques (méthode de creusement, moyens de manutention des colis…), il s’agit de comprendre comment les colis de déchets radioactifs évoluent à long terme et quels sont leurs effets sur la roche.

La dégradation des colis, les effets de la radioactivité et de la chaleur, sur l’acier, les bétons et la roche sont quelques-unes des nombreuses expérimentations menées par l’Andra.

Parallèlement, nous allons mener une campagne d’investigations géologiques sur la Zira que le Gouvernement vient de valider. Elle doit débuter au printemps 2010. L’objectif est de proposer au Gouvernement un site d’implantation dont le choix sera discuté lors du débat public prévu en 2013. Dans le même esprit, nous avons aussi besoin de situer les installations de surface pour travailler au plus tôt à la préparation de la construction de l’ensemble et pour engager avec les acteurs locaux des réflexions sur l’aménagement du territoire (routes et infrastructures de transport)”, conclut Jean-Paul Baillet.

 

Les clés pour comprendre

Une roche âgée de 160 millions d’années !

Le niveau de la couche argileuse du Callovo-Oxfordien, étudiée dans le

Laboratoire souterrain et où pourraient être stockés les déchets de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL), se situe à environ 500 m de profondeur.

La couche présente la particularité d’être stable depuis environ 140 millions d’années et très homogène. Sa très faible perméabilité, sa forte capacité de rétention des éléments chimiques sont autant de propriétés qui permettront de retarder et de limiter la migration des substances radioactives contenues dans les déchets, le temps nécessaire à leur décroissance radioactive.


 

Qu'attendez-vous de l'Andra ?

Nicolas Soyer, futur agriculteur céréalier à Bure.

 

 

 

Que l’Andra dise ce qu’elle fera et fasse ce qu’elle dit, en particulier sur l’achat de terres agricoles et son attitude vis-à-vis de l’installation de jeunes agriculteurs : il ne faut pas que l’Agence acquière des parcelles aujourd’hui et qu’elle les laisse inexploitées pendant des années avant la concrétisation de ses projets de stockage"
 

Élizabeth Jeanson, maire de Baudignécourt.

 

 

 

Que l’Andra nous propose une méthode de gestion des déchets nucléaires la plus sécurisée possible puisque ceux-ci existent déjà, et qu’elle soit bien transparente sur les recherches actuelles en laboratoire et la suite qui y sera donnée.”
 

Régine Junker, commerçante à Houdelaincourt.

 

 

 

Que la présence de l’Andra apporte des clients et des subventions pour développer les commerces, ainsi que des emplois durables et des familles qui viennent s’installer.”
 

André Poirot, chef d'entreprise.

 

 

 

En tant qu’entrepreneur en bâtiment, les travaux autour de Bure doivent rester une source d’activité qui me permette de créer de l’emploi local, de préparer la transmission de mon entreprise et qui évite de longs déplacements à mes salariés.”
 

Un long dialogue avec les acteurs locaux

Pour définir la zone d’intérêt pour la reconnaissance approfondie (ZIRA), l’Andra a tenu à prendre en compte les attentes des acteurs locaux. Retour sur un an de dialogue avec les élus, les membres du Comité local d’information et de suivi (Clis) et les chambres consulaires.

 

De janvier à avril 2009 : le projet de stockage profond expliqué aux acteurs locaux

Après avoir exposé aux uns et aux autres la nécessité de définir avant la fin de l’année une zone susceptible d’accueillir le stockage profond, l’Andra organise plusieurs séances d’échanges avec les acteurs locaux. Elle y rappelle le contexte du projet et énonce les critères scientifiques et techniques à prendre en compte pour le choix de cette zone.

Mai 2009 : présentation de plusieurs scénarios d’implantation

Ils tiennent compte des premiers échanges avec les différents protagonistes et servent de base à la poursuite du dialogue.

De juin à septembre 2009 : l’Andra à l’écoute des acteurs locaux
 
Tous s’accordent sur la nécessité de privilégier les critères liés à la géologie et à la sûreté du stockage. Leurs principales attentes portent sur le développement local (valorisation des infrastructures de transport existantes, répartition équitable des retombées économiques) et la protection du patrimoine culturel et de l’environnement (préservation du cadre de vie des habitants et des sources d’eau, limitation des nuisances lors de la construction et de l’exploitation du stockage).
 
Octobre 2009 : remise de la proposition de l’Andra au Gouvernement

Celle-ci est enrichie des contributions écrites des acteurs locaux et inclut leurs souhaits, tout en assurant la sûreté du stockage.